Actualités, Portraits

Un rythme de vie très soutenu

Edition N°18 – 12 mai 2021

Hervé Gullotti : « J’ai découvert chez les Tramelots une fierté de ce qu’ils sont, tout en ayant un sens chaleureux de l’accueil. » (photo ldd)

Chancelier municipal de Tramelan, Hervé Gullotti accédera à la présidence du Grand Conseil bernois en juin prochain. Ce personnage aux multiples facettes a répondu à nos questions sans jamais pratiquer la langue de bois. La transparence, c’est un peu sa marque de fabrique.  

– Hervé Gullotti, depuis quelle année exercez-vous la fonction de Chancelier municipal de Tramelan ? 

– Je suis en poste depuis le 1er avril 2005. La fonction a énormément évolué. La constante est que je  suis toujours au service du Conseil municipal et du Conseil général. Mais j’ai été un temps secrétaire de l’autorité tutélaire, compétence au niveau communal qui a disparu depuis lors. Aujourd’hui, je me spécialise dans les Ressources humaines. Les postes dans les communes évoluent en fonction des tâches que le droit supérieur ou le droit communal imposent. Il faut être flexible. Les employés communaux ne sont certes pas sous la pression de la concurrence du marché, mais sous la pression du respect strict des normes légales.

– Quel sont très exactement les tâches qui figurent dans votre cahier des charges ?

– Je suis chef du personnel, responsable des Ressources humaines, secrétaire du Conseil municipal et du Conseil général, responsable du registre du droit communal, responsable de la communication, directeur de cabinet du maire, chef de Département (chancellerie) qui comporte le Service Sports Tourisme et Loisirs, les archives, la Police administrative, l’Ecole à journée continue, le Service social. 

– Qu’est-ce qui vous passionne le plus dans ce rôle de Chancelier municipal ? 

– Indéniablement de pouvoir accompagner les organes communaux et l’administration dans leurs travaux, d’être au cœur de l’action communale, le contact avec la population, la direction du service des Ressources humaines. Le tout en pouvant gérer mon temps avec une assez grande liberté, ce qui me permet d’exercer d’autres activités en marge de la fonction. J’apprécie le cadre de vie dans notre région. Nous sommes privilégiés.

– Le fait de ne pas avoir de pouvoir décisionnel lorsque vous assistez aux séances du Conseil municipal ne vous laisse-t-il pas un sentiment de frustration ? 

– A chacun son travail. Les membres du Conseil municipal abattent un énorme travail pour des miliciens. Ils ont aussi des responsabilités importantes qui pèsent sur leurs épaules. Les employés communaux ont le privilège de les accompagner, de se faire entendre, de lancer des projets également. C’est un métier de l’ombre, mais qui apporte son lot de satisfaction. Et pour que la machine administrative fonctionne au quotidien, il faut bien des employés qui portent le tout et donc prennent des décisions.

– Depuis votre arrivée à la chancellerie de Tramelan, quels sont les trois principaux projets qui ont été mis sous toit par le Conseil municipal ? 

– Récemment, il y a eu l’intégration de l’Ecole à journée continue dans le giron communal, la pose de panneaux photovoltaïques sur la Zurich Arena (patinoire) et la création de la Fondation Albert-Gobat pour la paix. 

– Dans l’épineux dossier de la Rue Haute, à quel stade en est-on actuellement ? 

– La Municipalité a renoncé à y installer une administration centralisée. L’Hôtel de Ville sera rénové si le corps électoral valide le crédit en juin. Les autres bâtiments communaux se maintiendront. Pour la Rue Haute, il appartient à l’investisseur de définir s’il poursuit ou pas son projet. Nous l’aidons en ce sens mais les intérêts de la commune priment.

– Quels sont les principaux atouts de la commune de Tramelan pour attirer de nouveaux habitants ? 

– Tramelan est une localité dynamique, qui par sa situation géographique, a su développer des services à la population attractifs. La culture y une place prépondérante, tout comme le sport. Le commerce local profite de la présence de grands distributeurs. Il y est vivace. Le cadre de vie est idyllique et j’ai découvert chez les Tramelots une fierté de ce qu’ils sont, tout en ayant un sens chaleureux de l’accueil.

Si vous étiez doté d’une baguette magique, quel est le vœu que vous souhaiteriez exaucer pour le village de Tramelan ? 

– J’aménagerais une place du village où les gens pourraient se retrouver pour un brin de causette et un petit café le samedi matin après avoir humé l’atmosphère chaleureuse du marché ! 

– On imagine que le fait de mener en parallèle la vie de famille, la chancellerie municipale et le Grand Conseil bernois s’apparente à un exercice d’équilibriste. Quel est votre secret pour réussir à concilier ces trois activités ? 

– Mon rythme de vie est assez cadencé. J’ai réduit mon taux d’occupation à 80 %. Je suis libre dans l’aménagement de mon temps. Je fais en sorte d’être au maximum présent pour les autorités communales. 

– Votre soif de défis est-elle assouvie où doit-on s’attendre à vous voir émerger sur de nouveaux fronts politiques ces prochaines années ? 

– Je me réjouis de pouvoir présider le Grand Conseil bernois prochainement. C’est déjà un défi qui m’honore. J’ai encore quelques années devant moi qui m’autorisent à penser que mon action politique n’est pas encore terminée. En politique, il faut être au bon endroit au bon moment. Je travaille pour servir, le reste ne m’appartient pas.

– Pour le Jura bernois, pensez-vous que le départ de la ville de Moutier est un handicap ou plutôt l’opportunité de prendre un nouveau départ ? 

– Toute cette affaire de Moutier péjore l’image de notre région. Bien sûr que j’aurais souhaité que Moutier reste bernoise. Surtout pour Moutier. Les francophones du canton de Berne vivent sous un régime privilégié avec le statut particulier. Quelles minorités linguistiques dans le monde peuvent en dire autant ? Mais ne devons-nous pas regarder plus largement ? Ne devons-nous pas nous occuper à présent du sort de l’Arc jurassien dans toute son étendue géographique, qui a des intérêts communs ? Nous devons nous rapprocher au-delà des frontières cantonales, voire nationales, pour faire face aux défis actuels. Les grandes agglomérations telles que Berne, le bassin lémanique, Zurich ne nous attendent pas pour se développer. Je suis fier d’être francophone et bernois. Mais ce n’est pas un but en soi. L’identitaire ne doit pas primer sur la réalité de nos régions jurassiennes. 

– Quel est la part de gâteau que Tramelan revendique sur la nouvelle répartition des institutions cantonales qui déménageront de Moutier ? 

Les autorités tramelotes se solidarisent avec la région. Elles l’ont clairement exprimé lors du dernier Conseil général. Le Jura bernois doit faire chemin commun. Sinon, nous risquons de tout perdre en faveur d’une logique économique d’efficience et d’économies des coûts. Nous devons penser région, avec Bienne, avec l’ensemble des francophones du canton. L’essence même de notre spécificité francophone risque d’être galvaudée par d’autres qui ont un intérêt à nous affaiblir. Parfois, je me dis que le Jura bernois ne pourrait devenir qu’une seule commune. Vous imaginez-vous le poids politique acquis ?

Propos recueillis par Olivier Odiet 

 

 

Portrait express

Nom : Gullotti
Prénom : Hervé
Date de naissance : 17 novembre 1972
Domicile : Tramelan
Etat civil : marié, deux enfants
Profession : chancelier municipal
Films préférés : les classiques avec Louis de Funès et Jean-Paul Belmondo
Série télévisée favorite : The Crown
Plats préférés : fondue, hummus
Loisirs : voyage, lecture, partage entre amis
Traits de caractère : loyal, engagé, positif

 

Qui fait quoi?

Conseil municipal de Tramelan  

Philippe Augsburger (maire) : police, finances
Mathieu Chaignat (vice-maire) : services techniques
Carine Bassin : instruction publique, culture
Karine Voumard : action sociale, jeunesse
André Ducommun : bâtiments publics, sécurité publique
Christophe Gagnebin : urbanisme, transports, environnement
Pierre Sommer : agriculture-forêts, sports et loisirs
Hervé Gullotti : chancelier municipal
Raphaël Chappuis : administrateur des finances

Hervé Gullotti : « J’ai découvert chez les Tramelots une fierté de ce qu’ils sont, tout en ayant un sens chaleureux de l’accueil. » (photo ldd)