Actualités, Portraits

Pour combler un grand vide…

Edition N°19 – 19 mai 2021

L’absence à ce jour d’un ouvrage de référence sur la Foire de Chaindon laisse un grand vide que les Editions du ROC à Saint-Imier ont décidé de combler. La partie rédactionnelle de cette plaquette de 128 pages en couleurs, éditée en français et en allemand, a été confiée à l’historienne Laurence Marti, visiblement ravie de se plonger dans un tel exercice. 

– Laurence Marti, pouvez-vous succinctement présenter votre parcours professionnel jusqu’à ce jour, formation incluse ?

– J’ai grandi à Bévilard et y ai passé toute ma jeunesse. Après l’école obligatoire, j’ai fréquenté le gymnase de Bienne, puis l’Université de Lausanne. J’ai passé ensuite plusieurs années en France, où j’ai réalisé un doctorat en sociologie et sciences humaines à l’Université de Lyon 2. Depuis vingt-cinq ans je travaille en tant que chercheuse indépendante. Mes domaines de spécialité initiaux sont d’une part l’histoire des entreprises, l’histoire ouvrière et du travail et d’autre part la culture populaire. Depuis de nombreuses années, j’ai aussi étendu mes travaux à l’histoire régionale et locale.

J’ai également été co-fondatrice et présidente du CEJARE et préside aujourd’hui la fondation Mémoires d’Ici, à Saint-Imier.

– Avez-vous déjà consacré un livre à une manifestation ?

– Mon intérêt pour les manifestations populaires est fort ancien et remonte à bien avant que l’on ne parle de traditions vivantes. Mon premier travail de recherche a porté sur les fêtes de carnaval et des brandons dans le Jura et le Jura bernois. J’ai consacré plusieurs écrits à ce type de fêtes et continue à le faire et à suivre leur évolution ici et ailleurs en Suisse. Par ailleurs, je travaille aussi actuellement sur les abbayes vaudoises, ces très anciennes sociétés de tir, et leurs fêtes particulières.

– Quels sont les éléments-clés ayant conduit à votre acceptation de rédiger un ouvrage sur la Foire de Chaindon ?

– Cela fait longtemps que je souhaitais travailler sur ce sujet. Il n’existe pas d’ouvrage qui y soit consacré, ni de recherche approfondie. Je trouve qu’au vu de l’importance de cette manifestation pour la région, c’est un manque important qu’il importe de combler. C’est également parce que c’est un événement qui compte pour moi, à titre personnel (voir question suivante). Il n’a donc pas fallu beaucoup de temps pour me convaincre…

– Que représente cette foire pour vous ?

– La foire fait partie de mon vécu depuis l’enfance. Mon grand-père agriculteur y allait chaque année, c’était l’un des seuls jours de fête qu’il s’accordait. J’ai encore vu passer devant chez moi les bêtes qui remontaient la vallée pour se rendre à la foire. Mon oncle habitait Reconvilier et y travaillait comme bénévole. Cela a toujours été un événement incontournable pour moi et ma famille et j’y participe encore régulièrement.

– Quel commentaire vous inspire l’annulation des éditions 2020 et 2021 ?

– Cela n’est évidemment pas une bonne chose pour les sociétés, les restaurateurs, les marchands, pour les gens et la vie sociale en général de la région. Mais j’ai tout de même encore de la peine à imaginer 30’000 personnes se côtoyant de près dans les rues étroites de Reconvilier. Il ne reste qu’à espérer que 2022 marquera un retour à la normale.

– L’ouvrage que vous rédigerez sur la Foire de Chaindon comprendra-t-il uniquement un volet historique ?

– Non, l’ouvrage comportera certes une partie historique, mais il apportera aussi un regard sur la foire d’aujourd’hui.

– Quelle sera grosso modo la proportion texte-photos dans cette plaquette ?

– L’objectif est de mettre l’accent sur les images avec un texte qui doit rester court et accessible à un large

public. Dans un rapport d’un tiers de texte pour deux tiers d’images. Mais tout dépendra toutefois du nombre de documents à disposition. Les images de la manifestation, dès que l’on remonte le temps avant les années 2010, sont plutôt rares. Il faudra donc s’adapter au matériel à disposition.

– Quels sont les principaux pièges à éviter lorsqu’on s’attelle à la rédaction d’un tel ouvrage ?

– L’un des pièges serait de considérer que la foire a toujours été ce qu’elle est aujourd’hui et de figer l’image et la compréhension qu’on en a. La foire et le sens qu’on lui donne ont changé au cours des siècles. Avant d’être une tradition, elle était un événement central pour l’économie régionale et, pendant toute une période, elle avait lieu trois fois par année. On ne comprendra que mieux ce qu’elle est aujourd’hui si l’on sait ce qu’elle a été.

– On a toujours un peu l’impression que la qualité d’un ouvrage se mesure à l’échelle de ses ventes. Ce sentiment est-il fondé ?

– En fait, il y a de très bons livres qui se vendent peu et de très mauvais qui font des chiffres extraordinaires. La qualité d’un livre et le travail de marketing qui accompagne sa sortie sont deux choses différentes. Ce phénomène n’est pas propre à l’édition. Il se retrouve dans toutes les productions culturelles.

– Si l’on vous confiait la présidence de la Foire de Chaindon, quelles seraient les retouches que vous y apporteriez ?

– Il est toujours facile de discourir quand on n’est pas aux commandes. J’admire le travail qui est fourni et l’engagement des personnes. Ce que j’exprimerais, c’est plutôt un souci pour l’avenir de toutes les manifestations de cette importance. Leur extension ces dernières dix-quinze années a été signe de grand dynamisme, mais a aussi signifié une mobilisation de forces locales de plus en plus importantes, essentiellement, voire uniquement bénévoles. Or il est de plus en plus difficile de renouveler ces forces et de les conserver. Un risque pour l’avenir, à prendre en compte. 

Propos recueillis par Olivier Odiet 

 

Appel à la population

Si vous êtes en possession de photos, textes, anecdotes et autres documents dignes d’intérêt en relation avec la Foire de Chaindon, merci de contacter Laurence Marti au no 021 808 73 66. Elle se fera un plaisir de collecter ces précieux trésors pour enrichir le contenu d’une plaquette très prometteuse.

(oo)