Peut-être qu’un chauffage à distance verra le jour en Prévôté dans le cadre du développement durable en phase avec la Stratégie énergétique 2050 de la Confédération. En partenariat avec la société EBL Elektra Baselland, la municipalité envisage d’implanter un chauffage à distance avec une production de chaleur au bois. Cette énergie renouvelable pourrait se faire en mettant en valeur le bois de nos forêts locales et régionales. Mais il faut encore trouver les clients potentiels jusqu’en août 2022.
A Moutier, la production de chaleur sur le territoire de la commune est constituée à 87% par des énergies fossiles. Les autorités souhaitent inverser cette tendance. Plus de dix ans après les premières démarches, une nouvelle société a été créée à fin août 2020, CAD Moutier SA, afin d’étudier la faisabilité d’un chauffage à distance. Elle souhaite un partenariat fort avec EBL, qui, avec ses compétences et son expérience accompagnera la ville dans ce projet. Un contrat a été signé. La coopérative EBL, avec une succursale à Delémont, est présente depuis des années à Moutier avec ses services multimédias. Elle est aussi active dans le chauffage à distance depuis longtemps et compte quarante-sept installations de production et distribution de chaleur en Suisse, dont une est en fonction à Glovelier.
Réaliser des économies
C’est sur trois axes que s’articulera le développement du chauffage à distance : le développement technique du CAD, sous la houlette du conseiller municipal Karim Bortolussi, qui est aussi président du conseil d’administration de la nouvelle société, la recherche de futurs clients pour se raccorder à l’installation, ainsi que la mise en place de filières d’approvisionnement en bois. C’est EBL qui se chargera de contacter les clients potentiels qui peuvent être des entreprises, des bâtiments publics, des collectivités ou des privés, et ce, jusqu’en août 2022. Ils ont déjà investi Fr. 240’000.- pour cette phase de démarchage qui commencera à la mi-juin.
L’installation aura une puissance de 6 mégawattheures, alimentée par des plaquettes de bois. Il faudra cependant s’assurer que, contractuellement, 60 à 70 % de la chaleur produite par la future centrale de chauffe soit consommée pour lancer les travaux. On pourra alors démarrer concrètement la première étape avec la pose des conduites de chauffage. Quant au délégué à l’énergie pour la commune, Fabien Vallat, il a encore précisé en conférence de presse que la politique énergétique s’oriente plutôt vers une augmentation de la taxe CO2 et donc la possibilité de réaliser pas mal d’économies en se mettant aux énergies renouvelables. Le tout est devisé tout de même à 13 millions de francs.
Pas pour tous
Le tracé des conduites, environ 4 km, est encore à définir précisément. Il doit permettre d’alimenter les gros consommateurs comme usines, commerces, bâtiments communaux, l’Hôtel de Ville, et on l’espère, l’hôpital, etc. Au total, c’est une centaine de clients qui sont recherchés. La chaufferie sera construite dans la zone industrielle des Laives, près du Pavillon de la N16, sur une parcelle qui appartient au canton et qu’il faudra racheter. La conduite principale descendra vers la Tornos, puis longera la route principale jusqu’à l’usine ETA avant de remonter en direction de l’hôpital. Les habitations hors de ce tracé ne pourront pour l’instant pas être reliées, mais pourraient l’être par la suite. Si la société CAD Moutier dispose d’un capital-actions de Fr. 150 000.-, elle ne peut assumer seule ce projet qui pourrait voir le jour dès 2025. C’est donc EBL qui financera la suite de la procédure, à fonds perdus, preuve de sa confiance en ce projet. Si la réalisation du chauffage à distance aboutit, CAD Moutier ouvrira son capital-actions à EBL dans des conditions à fixer et la commune laisserait alors la place à la nouvelle société. Le Conseil de Ville devra alors être consulté suivant le montant des dépenses.
Claude Gigandet