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Récit d’un bourgeois indéracinable

Edition N°9- 9 mars 2022

Georges Lardon : « J’ai toujours préféré dépenser les sous plutôt que de les compter. » (photo oo)

Court un jour, Court toujours. Tel est le leitmotiv de Georges Lardon, décolleteur à la retraite qui aime se plonger de temps à autres dans les glorieuses années qui ont marqué sa jeunesse. Le temps n’a pas d’emprise sur ce « bourgeois, gentil homme » qui apprécie énormément de rencontrer des gens au village où dans les nombreux restaurants de montagne des alentours. La convivialité, ça le connaît ! 

Court et le décolletage, c’est une longue histoire d’amour. Cette idylle ressort d’ailleurs de manière éclatante dans le numéro 121 de la revue Intervalles stipulant notamment que Court n’est pas un village, mais une gigantesque usine. Menée par Martial Frei, une enquête a révélé que plus de 1000 décolleteuses tournaient dans les fabriques et autres garages de Court dans les années 1970. Comment donc ne pas épingler un passionné de décolletage pour retracer l’histoire de Court ? L’idée de porter notre choix sur Georges Lardon est d’autant plus judicieuse qu’il en connaît également un rayon sur la commune, la bourgeoisie et la vie associative du village. Lors de notre entretien, l’homme en question a immédiatement placé la discussion sous le signe de l’humour : « J’ai effectué toute ma scolarité obligatoire à l’école primaire de Court, dont le bâtiment est construit sur quatre étages : trois pour apprendre et le 4e au galetas pour les punitions. »

La marche, c’est le pied !  

C’est en 1964 que Georges Lardon a commencé un apprentissage de décolleteur, à l’Essor. Après son école de recrues, il a travaillé au sein de l’entreprise Germain Loetscher SA durant quatre ans et de l’entreprise Marcel Capt pendant onze ans. Après la crise horlogère des années 1980, l’ami Georges est revenu à l’Essor jusqu’en 2013, soit l’année de son départ à la retraite. Deux enfants sont nés de son union avec Gabrielle : Céline et Jean-No. Sur le plan associatif, il a chanté à la chorale de l’église baptiste et a écumé les sommets avec ses amis du Club alpin. Ce marcheur invétéré a disputé l’épreuve du Tour de Moron (50 kilomètres) à cinq reprises, la première remontant au mois de septembre 1972. Le tir lui a également procuré de belles satisfactions. Durant son pensum de douze ans au Conseil municipal de Court, il a dirigé deux dicastères, soit les finances (une année) et les travaux publics. « Je me suis senti plus à l’aise dans mon deuxième dicastère, car j’ai toujours préféré dépenser les sous plutôt que les compter », glisse-t-il avec la malice qui le caractérise. Comme tous les villages de nos contrées, Court a également connu un appauvrissement au niveau du commerce local. On pense tout particulièrement au secteur de la restauration. Aujourd’hui, seules La Calèche et la Gare déploient encore leurs activités dans le village alors que dans les années 1970-1980, cinq autres établissements publics bénéficiaient d’un rayonnement appréciable et apprécié, soit l’Ours, le Guillaume Tell, le tea-room Domino ainsi que le restaurant du Chaluet et de l’Amicale. Epicurien dans l’âme, Georges Lardon se console en savourant à leur juste valeur les moments de partage et d’échange dans les nombreux restaurants de montagne des alentours marqués du sceau de la convivialité et de la qualité ainsi que dans son chalet à Moron.

Soirées inoubliables   

Notre interlocuteur se remémore avec une certaine nostalgie les soirées inoubliables organisées par le CP ou le FC Court qui proposaient le groupe Alpenland Quintett comme tête d’affiche. D’où notre clin d’œil à Madeleine et Willy Grütter, instigateurs de l’Olga Club, dont le livre d’or est aujourd’hui refermé à notre plus grand regret. Le célèbre rallye de Court laisse lui aussi un grand vide dans le calendrier des manifestations. Les fêtes de lutte, cantonales ou du Jura bernois, ont également laissé une marque indélébile dans le village. Puisse l’avenir nous en réserver d’autres, toutes aussi passionnantes. Membre de la commission des eaux à la bourgeoisie de Court, Georges Lardon relève qu’il règne actuellement un climat harmonieux entre les autorités municipales et bourgeoises. Il suffit de se référer aux avancées concrètes de cette collaboration à différents échelons pour s’en convaincre. Cet esprit d’ouverture mérite d’être salué puisqu’il glisse les querelles d’antan aux oubliettes. Joli couronnement.

Olivier Odiet

 

Georges Lardon : « J’ai toujours préféré dépenser les sous plutôt que de les compter. » (photo oo)