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« On n’avait rien, mais on s’amusait bien ! »

Edition N°16 – 27 avril 2022

Personnalité au caractère bien trempé, André Heyer évite habilement les pièges de la vie grâce à son bon sens terrien. (photo oo)

Issue d’une famille de cinq enfants, André Heyer se dit nostalgique de l’époque où les gens se retrouvaient encore dans les rues du village pour échanger, partager et papoter sur les bancs. Le calme a remplacé l’effervescence, mais Perrefitte reste néanmoins un endroit où il fait bon vivre. Rencontre avec un passionné de la nature et des chevaux qui ne quitterait ce coin de paradis pour rien au monde.

Le travail, ça forge le caractère. André Heyer est bien placé pour le savoir, lui qui a toujours dû se battre pour obtenir quelque chose. « Avec ma sœur et mes trois frères, nous étions tous logés à la même enseigne. On travaillait dur à la ferme et le choix des tâches à effectuer se faisait en fonction de nos affinités », confie-t-il. « Chacun avait un peu sa spécialité, ses animaux préférés mais, au bout du compte, on touchait à tout quand même. » Cette école de la vie, André Heyer ne la regrette surtout pas dans la mesure où elle lui a donné le sens du sacrifice, le goût du défi, aussi. « L’avantage de partir de rien, c’est que le niveau de la modernité et du luxe ne peut que monter. » Le bon sens terrien lui a permis de tracer son sillon, de flairer les bonnes opportunités en évitant habilement les pièges de la vie. Au niveau professionnel, il n’a jamais quitté la BCBE. « Après mon apprentissage, je suis parti une année à Meiringen et je suis revenu au siège de Moutier jusqu’à la retraite que j’ai prise à 62 ans. » Responsable de la clientèle privée dans le domaine des hypothèques, André Heyer a formé des dizaines d’apprenti-e-s. Mais au fait, quel regard porte-t-il sur l’évolution de la profession ? « Elle me laisse songeur. On nous a toujours demandé d’être le plus proche possible du client pour le fidéliser, ce que nous avons fait et, aujourd’hui, tout est confié à des centrales qui n’ont justement plus cette proximité avec la clientèle. En clair, je suis parti à la retraite au bon moment. »

Seule l’Etoile résiste à l’épreuve du temps

A l’exception d’un passage d’une année à Moutier, André Heyer a toujours été domicilié à Perrefitte. Son visage s’illumine au moment où nous l’invitons à retracer ses souvenirs d’enfance : « Nous n’avions rien, mais on s’amusait bien ! Je pense par exemple aux mémorables parties de cachette dans des vieilles granges abandonnées. J’ai aussi fait beaucoup de foot à la place de jeu et du ski au Moron. Et puis, il y a eu la fameuse époque des vélomoteurs. » L’occasion de s’évader un peu dans un contexte où chaque moment de détente se gagnait à la sueur de son front. A l’époque de son enfance, Perrefitte comptait une boucherie avec de petits abattoirs, une laiterie, une épicerie, une Coop et un magasin-boulangerie ainsi qu’une poste. Seul le restaurant de l’Etoile a résisté à l’épreuve du temps via un développement exemplaire qui fait de cet établissement un fleuron de la gastronomie régionale. « Si Perrefitte dispose de bonnes infrastructures, c’est aussi grâce au maire de l’époque, Jean Koenig, qui a apporté sa pierre à l’édifice pour faire avancer le village », relève André Heyer qui se déclare nostalgique de l’époque où les gens se retrouvaient encore dans les rues du village pour échanger, partager et papoter sur les bancs. Aujourd’hui, les habitants comblent cette frustration à l’occasion de la Fête des Beutchins qui leur permet de se retrouver dans la convivialité.

Le ranch du plaisir ! 

Fervent défenseur de la nature, André Heyer préfère agir plutôt que de blaguer sur la place publique. A proximité des Gorges de Perrefitte, il a trouvé un véritable coin de paradis : « Avec un chalet et l’écurie de mes chevaux, je me sens un peu comme dans un ranch », s’exclame ce grand admirateur du pur-sang arabe. Dans cet écrin situé au cœur d’une nature généreuse, il possède un étang ainsi qu’un verger. « En plantant arbres et arbustes, je suis un vert qui agit. » Marié et père d’une fille, André Heyer a occupé la fonction de conseiller municipal à Perrefitte durant douze ans en tant que responsable du dicastère des finances puis des constructions. Il a également officié en tant que commandant des pompiers. Son parcours de vie lui a aussi permis de vivre des expériences humaines très enrichissantes. On pense notamment à l’accueil d’un frère et d’une sœur ukrainiens en bas âge dans le cadre de l’opération « Les Enfants de Tchernobyl. » Ils rejoignaient la famille Heyer à Perrefitte durant deux mois avant de retourner chez eux. Toujours en contact avec ces deux enfants, André Heyer souligne que leur emplacement géographique non loin de la Pologne leur permet d’être épargnés par la guerre. En guise de conclusion, on précisera que cette personnalité aux multiples facettes porte un regard positif sur l’avenir de Perrefitte qui dispose des atouts requis pour proposer à sa population une qualité de vie appréciable et appréciée.

Olivier Odiet

 

Personnalité au caractère bien trempé, André Heyer évite habilement les pièges de la vie grâce à son bon sens terrien. (photo oo)