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La fin d’une activité passionnante !

Edition N°27 – 13 juillet 2022

Marc Scheidegger (à gauche) en compagnie des acquéreurs de sa 9e et dernière moissonneuse-batteuse. (photo ldd)

En juin dernier, Marc Scheidegger, garagiste-agriculteur au village et à la montagne de Saules, a vendu sa dernière moissonneuse-batteuse après quarante-neuf ans de bons et loyaux services. En prolongeant cette activité d’une année, il aurait pu célébrer un joli jubilé, mais à l’âge de 68 ans, il a jugé opportun de tourner définitivement la page d’un des chapitres les plus importants de sa vie. Coup d’œil dans le rétroviseur… 

« Un fou de machines ! » Marc Scheidegger a tout de suite annoncé la couleur lorsque nous l’avons rencontré à Saules pour évoquer les faits marquants de quarante-neuf ans de battage. Une activité certes passionnante, mais parfois aussi astreignante dans la mesure où elle peut se pratiquer jusque très tard dans la soirée en fonction de la météo. Et puis, il faut également prendre en compte le fait qu’il n’est pas possible d’avoir des clients trop éloignés de la région de manière à ne pas passer plus de temps sur la route que dans les champs. Mais la principale raison qui l’a incité à rendre les plaques réside dans la difficulté à trouver de jeunes agriculteurs-chauffeurs de moissonneuses-batteuses. En effet, par les temps qui courent, on ne se bouscule pas au portillon pour affronter le travail sur appel et son incontournable lot d’inconvénients. En juin dernier, Marc Scheidegger a donc vendu sa 9e et dernière moissonneuse-batteuse à des acquéreurs provenant des Montagnes neuchâteloises. Avec un petit pincement au cœur ? « Vous savez, quand j’arrête, j’arrête ! Je ne suis pas spécialement un gars nostalgique ! » s’exclame-t-il. 

Fourchette de prix impressionnante

Pour les non-initiés, on précisera qu’une moissonneuse-batteuse est une machine agricole automotrice destinée à la récolte de plantes à graines, principalement les céréales, en une seule opération. Elle permet de réaliser simultanément la moisson et le battage. C’est au début des années 1970 que Jean Scheidegger, le père de Marc, a acheté une moissonneuse-batteuse pour qu’il puisse le garder à la ferme. Un coup de maître qui s’est avéré payant. Pour l’anecdote, on précisera que son père avait acheté sa première moissonneuse-batteuse au prix de Fr. 37’000.-. Marc n’est jamais tombé dans l’exagération non plus puisqu’il s’est toujours refusé à franchir la barre des 100’000 francs au moment de délier sa bourse. « Il aurait fallu dépenser près de Fr. 350’000.- pour l’acquisition d’une machine flambant neuve. Je n’avais tout simplement pas la possibilité de me lancer dans un investissement pareil », poursuit-il. A l’époque où les téléphones portables n’avaient pas encore envahi le marché, l’épouse de Marc lui courait après pour transmettre le numéro de téléphone des clients.

En 1977, le couple Scheidegger fut contrait de reporter son tour de noces de dix jours, le battage s’étant terminé le 10 octobre cette année-là. Un tel scénario ne s’est plus dessiné ces trois dernières années, la fin de sa mission étant survenue avant le 1er lundi de septembre. On précisera encore que Marc Scheidegger a également occupé la fonction de préposé au chasse-neige pour trois communes durant quarante ans. Aujourd’hui, il dirige encore le Duo Garage avec une conscience professionnelle jamais prise en défaut. L’abandon de son activité de batteur lui permet enfin de planifier des vacances, ce qui n’était pas le cas auparavant. Il consacre également du temps à sa grande passion : la collection de vieux tracteurs avec un faible pour les Fiat de couleur orange. Passion quand tu nous tiens…

Olivier Odiet

Marc Scheidegger (à gauche) en compagnie des acquéreurs de sa 9e et dernière moissonneuse-batteuse. (photo ldd)