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« Mon problème ? J’ai beaucoup trop d’idées »

Edition N°5 – 8 février 2023

Louis Bögli : « En rien je ne me limite dans ce que je fais. Je n’ai qu’un objectif : m’éclater. » (photo oo)

Journaliste reporter d’images à TeleBielingue et critique cinéma à La Semaine, Louis Bögli, de Grandval, est également un réalisateur amateur de grand talent. Il suffit de visionner son court-métrage « Au temps de la Mégafaune : la faim du titanoboa », tourné dans une forêt de Crémines en 2020, pour s’en convaincre. Son esprit de débrouillardise associé à son sens de la créativité lui réserve incontestablement un avenir radieux dans la branche. Mais où va-t-il puiser toute cette imagination ? Nulle part, c’est inné !

« En rien je ne me limite dans ce que je fais ! Je n’ai qu’un objectif : m’éclater. » Cette pépite dont il a le secret a été lâchée dans son atelier de créations à Crémines, lors d’un entretien où nous avons fait connaissance avec les marionnettes vedettes de Mégafaune, soit le titanoboa Gene ; Gustave, un petit sinoconodon et Matilda, un dasplétosaure. 

Tout simplement bluffant !

Revêtant aussi un caractère comique en certaines circonstances, ce documentaire de 14 minutes tourné dans une forêt de Crémines à proximité de la ferme « Les Vaivres », est tout simplement bluffant. Non seulement par la qualité des marionnettes fabrication « maison », mais aussi parce que Louis Bögli a su s’entourer d’une équipe au top pour réaliser son court-métrage. On pense par exemple à la narration signée Thomas Loosli, animateur à TeleBielingue ; à la bande-son réalisée par un étudiant en musique ainsi qu’aux cinq marionnettistes impliqués dans ce que Louis Bögli appelle « le pire tournage de sa vie » : « Ce film a été réalisé durant l’été 2020. Nous avons rampé sur un sol forestier peuplé de moustiques durant cinq jours par une chaleur caniculaire pour capter les images des animaux, ce qui a provoqué en moi des chutes de tensions hallucinantes. Physiquement, j’en ai bavé ; moralement aussi », explique-t-il tout en précisant que 

l’observation l’a parfois incité à improviser, à changer son fusil d’épaule. En fait, tout ne se passe pas toujours selon les prévisions lorsqu’on se lance dans ce genre d’aventure surréaliste : « Je pensais reproduire les cris des animaux de la forêt, mais finalement un seul a été retenu lors du montage, les autres ayant été enregistrés au Sikypark, à Crémines. » Vous l’aurez compris : l’esprit de Louis Bögli bouillonne sans discontinuer : « Je n’ai qu’un seul problème, j’ai trop d’idées et je manque forcément de temps pour les concrétiser », signale-t-il.      

Une palette de créations qui force l’admiration  

Prétendre que Louis Bögli est un cinéaste amateur qui vend de l’illusion n’a rien de mensonger puisqu’il arrive à faire ressortir dans son documentaire des animaux préhistoriques plus vrais que nature fabriqués de ses propres mains à l’aide d’une chaussette, d’une pince à linge, de papier mâché, de bâches, de fourrures, de tubes, de cartons, de pâte à sel, etc. En fait, sa palette de créations force l’admiration par son originalité et son côté exubérant. Curieux paradoxe, il n’y a que lui qui ne s’emballe pas : « Je suis très critique sur mon travail. J’ai toujours l’impression de pouvoir faire beaucoup mieux », relève le réalisateur de Mégafaune qui s’est notamment inspiré de la série « Sur la terre des dinosaures » diffusée sur la BBC pour mettre son chef-d’œuvre en boîte. 

« Le cinéma est un milieu où l’on te déchiquette vivant ! »

Tel un bricoleur de voitures qui reste dans son garage jusqu’à pas d’heures pour assouvir sa passion, Louis Bögli s’éternise dans son atelier de créations à Crémines pour créer ses marionnettes sans jamais regarder sa montre. Mais c’est bien connu : quand on aime, on ne compte pas. Et là, ce n’est plus de l’amour, mais de la rage. Au point de se demander si Louis Bögli n’a pas l’intention de devenir réalisateur professionnel un jour : « Il ne faut pas oublier que le cinéma est un milieu où l’on te déchiquette vivant. De plus, en Suisse, il est très difficile d’en vivre. Il n’y a pas de thune pour ça. Pour l’instant, je préfère donc m’amuser joyeusement avec mes potes. Peut-être qu’un jour, j’aurai le culot de franchir le pas, mais c’est encore de la musique d’avenir. »          

Olivier Odiet

A noter que le documentaire de Louis Bögli « Au temps de la Mégafaune : la faim du titanoboa » peut être accessible sur la chaîne YouTube Studio Paroche : youtu.be/uykRuaQTX-o. 

Louis Bögli : « En rien je ne me limite dans ce que je fais. Je n’ai qu’un objectif : m’éclater. » (photo oo)