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Créer le débat dans le canton du Jura

Edition N°27 – 10 juillet 2024

De gauche à droite : Pascale Gerber, Francis Pellaton, Benoit Marchand et Francis Carnal. (photo oo)

Si le canton du Jura roulait sur l’or, l’accueil de Moutier passerait comme une lettre à la poste. Le fait est que financièrement parlant, on a déjà connu des situations plus confortables, plus enviables. Face à ces difficultés de notoriété publique, MOUTIER À VENIR se demande si le coût exorbitant du transfert de la ville de Moutier dans le canton du Jura en vaut véritablement la peine. « Ce n’est pas avec le cœur qu’on paie ses factures. » Tel est en substance le message que les quatre intervenants à la conférence de presse ont voulu faire passer le jeudi 4 juillet à la salle Roland Béguelin de l’Hôtel de la Gare à Moutier. Un brin provocateur, le choix de l’endroit ? Pas forcément. Le Cheval Blanc étant fermé, il fallait bien trouver une salle adéquate, ce qui n’est pas une mince affaire en Prévôté. Et puis, MOUTIER À VENIR ne voue pas une animosité criarde à l’égard de ses adversaires politiques, l’apaisement ayant pris l’ascendant sur l’activisme et la virulence depuis belle lurette en terre prévôtoise, ce qu’il convient ici de saluer.  

Un bouleversement majeur qui doit conduire à un débat 

Le décor étant planté, on peut maintenant mettre en exergue les véritables motivations de l’action que le mouvement emmené par l’infatigable duo Pellaton-Marchand a lancé sous forme de conférence de presse. « Le rattachement de Moutier à la République et Canton du Jura est parfois comparé à un mariage. Si Moutier s’est exprimé favorablement à ce sujet, ce n’est pas le cas de l’autre partie qui doit quand même exprimer son consentement. L’arrivée de Moutier dans le canton du Jura sera un bouleversement majeur et un débat doit être mené à ce sujet », indique MOUTIER À VENIR dans le message distribué aux médias. « On ne s’est peut-être pas rendu compte de ce que cela représenterait avant de lancer la machine. Beaucoup de gens du Nord n’imaginent pas les conséquences qu’il y aura peut-être pour eux. Dépenser autant de millions pour prendre une ville de 7000 habitants, je ne comprends pas », relève Francis Pellaton. Quant à Benoit Marchand, il a cité en exemple les vives réactions engendrées par l’intervention de l’agrarien Yves Gigon qui fut le seul député à refuser le Concordat au Parlement en parlant notamment de catastrophe financière : « Ce n’est pas en le traitant d’antipatriote qu’il est possible d’entrer dans un débat constructif sur le fond », s’est insurgé Benoit Marchand, qui regrette amèrement ce manque d’ouverture. En devenant la deuxième commune du canton, Moutier devrait prendre une part de gâteau importante au niveau de la péréquation financière et Francis Carnal n’est pas enchanté à l’idée de voir les Prévôtois se faire traiter d’enfants gâtés, un tel scénario étant imminent à ses yeux. Pas tombé de la dernière pluie, Benoit Marchand est d’avis que le Concordat sera accepté haut la main. Il est néanmoins impatient de découvrir laquelle des régions jurassiennes affichera le plus grand scepticisme le 22 septembre prochain. Les paris sont ouverts…       

« Rien ne bouge dans le canton du Jura ! »

Membres de la commission parlementaire spéciale mixte sur le transfert de Moutier, Francis Pellaton et Benoit Marchand nourrissent d’autant plus d’inquiétudes sur l’évolution du dossier que les interrogations restent nombreuses, le flou artistique régnant à tous les échelons de la pyramide. « Rien ne bouge dans le canton du Jura ! » s’exclament-ils. Et comme la date du 1er janvier 2026 n’est plus si lointaine, cette inaction a de quoi les laisser songeurs. Régler en si peu de temps le travail titanesque qui doit encore être abattu s’apparente pratiquement à un miracle. C’est en tout cas le sentiment qui anime les conseillers de ville de MOUTIER À VENIR.

Olivier Odiet

De gauche à droite : Pascale Gerber, Francis Pellaton, Benoit Marchand et Francis Carnal. (photo oo)