Arrivé à Moutier le 1er janvier 2000 en provenance de Court, Benoît Marchand ne se sent pas politicien dans l’âme. En fait, c’est plutôt sa curiosité bien aiguisée qui l’a conduit sur ce terrain qu’il explore sereinement et surtout sans animosité à l’égard de qui que ce soit. Avant de s’embarquer dans le parti de Francis Pellaton, Moutier à Venir, on plaçait plutôt Benoît Marchand dans le camp des autonomistes. Alors comment expliquer un tel revirement ? En fait, c’est l’épineux dossier du projet de l’école ménagère qui a constitué l’élément déclencheur. Benoît Marchand s’est retrouvé à la tête du comité référendaire qui a lancé une récolte de signatures en vue du dépôt d’un référendum pour combattre le projet prévoyant un contrat de vingt à trente ans pour des locaux au passage de l’Ours 8 en raison d’une location jugée démesurée par le groupe de citoyens à l’origine de la démarche. Benoît Marchand s’est ainsi attiré un courant de sympathie dans le camp de Moutier à Venir et Francis Pellaton l’a sollicité pour qu’il se porte candidat au Conseil de Ville avec une réponse positive à la clé. La suite, on l’a connaît. MàV a fait un tabac lors des élections 2022 avec dix élus au législatif, dont Benoît Marchand, contre un seul en 2018. Vous l’aurez sans doute déjà compris : feu la Question jurassienne n’était surtout pas le fonds de commerce de ce codirecteur d’une PME à Court. Son moteur, c’est de contribuer à un retour à la normalité au sein des instances politiques de la ville. Et maintenant que le Concordat a facilement obtenu l’aval des cantons de Berne et du Jura en septembre dernier, Benoît Marchand a décidé d’adopter la positive attitude : « On ne peut pas continuellement taper sur Moutier ! » s’exclame-t-il. « Je pense que le départ de la ville dans le canton du Jura s’accompagne de points positifs comme le fait de compter sept députés au Parlement jurassien ou encore l’arrivée d’un pôle de formations commun aux divisions du Centre jurassien d’enseignement et de formation (CEJEF) ».
Peur du cafouillage…
Membre de la commission parlementaire spéciale mixte pour l’accueil de Moutier, Benoît Marchand estime que les choses évoluent au rythme sur lequel elles doivent avancer : « Vous savez, ma principale inquiétude en ce moment ne se situe pas au niveau du transfert de Moutier, mais plutôt sur le plan géopolitique mondial sachant que le ralentissement économique que nous vivons impacte considérablement notre région. Et ça, c’est quelque chose qui me remue énormément. » Dans sa dernière séance de l’année qui s’est tenue le lundi 2 décembre, le Conseil de Ville de Moutier a procédé à la nomination de son bureau pour l’année 2025, plaçant Benoît Marchand à la présidence sans faire la moindre vague. Ses premiers mots ont eu le mérite d’amuser la galerie : « J’ignore ce que 2025 nous réserve, mais ce qui est certain, c’est que nous allons finir en « BerneOut ». S’agissant du rôle qu’il devra tenir l’année prochaine au sein du législatif prévôtois, Benoît Marchand admet volontiers que la gestion du mode de fonctionnement ne sera pas forcément un exercice facile à accomplir : « En tant que premier vice-président, j’ai suivi cette année les faits et gestes du président Bastien Eschmann, mais il est certain que la crainte que tout ne se déroule pas comme prévu est bien présente. En clair, j’ai un peu peur du cafouillage ! » s’exclame-t-il. Invité à formuler le souhait qu’il voudrait exaucer pour la ville de Moutier à l’aide d’une baguette magique, Benoît Marchand pense à un foisonnement de terrains pour développer la ville, d’une part, ainsi qu’à un bord de lac, d’autre part. En ces temps moroses, on ne va pas lui reprocher de se mettre à rêver…
Olivier Odiet