C’est sur les hauts de Valbirse, à la ferme Blanchard, que la Chambre d’agriculture du Jura bernois a convié la presse pour qu’elle assiste à la remise d’une pétition qui demande au canton de ne pas durcir sa position à l’encontre des agriculteurs qui pratiquent les feux de gestion agricole dans les pâturages boisés.
Concrètement, cette pratique est interdite depuis longtemps mais elle bénéficie d’exceptions qui la rendait possible à condition que les agriculteurs informent les gardes forestiers et/ou la police et qu’en outre, les agriculteurs prennent certaines précautions, par exemple pour limiter les dégagements de fumée. Désormais, les directives demanderont d’appliquer la loi existante avec beaucoup moins de largesses, histoire de mettre en concordance l’esprit et la forme de ladite loi. Si ce durcissement va s’appliquer à tout le canton, c’est à Tramelan qu’il trouve son origine, quand une citoyenne à interpellé le journal Blick afin qu’il enquête sur ces pratiques relevées près de la cité de Virgile Rossel. La complainte avait fait mouche au grand dam des milieux agricoles d’ici, au cœur de cet Arc jurassien où est née la traditionnelle torrée.
Nombreux élus présents
Au sujet de cette tradition qui sent si bon la dare et la saucisse, il est bon de rappeler qu’elle n’est pas interdite, à condition d’être pratiquée avec les précautions requises. La législation fait donc une distinction entre l’élimination des rémanents de coupe et les loisirs dans la nature qui comprennent les pique-niques.
Le sujet a paru suffisamment important pour qu’une belle brochette d’élus fassent acte de présence face à la presse, dont la préfète Stéphanie Niederhauser, le conseiller national Manfred Bühler et les parlementaires cantonaux Marc Tobler, Etienne Klopfenstein et Maxime Ochsenbein. La direction du conseiller d’Etat Christoph Ammann était représentée par Rénald Queloz, directeur de la division forestière du Jura bernois qui a dignement tenu le rôle de l’accusé et fait part du point de vue du canton aux journalistes qui l’ont questionné. C’est lui aussi qui a reçu la pétition et ses 500 paraphes environ qu’il est chargé de transmettre à sa hiérarchie.
Demandes concrètes
Concrètement, les milieux agricoles, officiellement représentés par le président Martin Kohli et la secrétaire Daniela Allemann-Gerber ont fait valoir que le stockage des branches résiduelles sur les pâturages en vue de leur dégradation lente pose de nombreux problèmes à la fois économiques, écologiques et de santé des animaux de rente.
Si les mesures demandées doivent être appliquées, nombre d’agriculteurs pourraient réduire leurs travaux, les tas de branches constitueront un danger de blessure pour le bétail (panaris) et par les étés chauds qui deviennent malheureusement la règle, des tas de bois sec seraient un combustible redoutable en cas d’incendies de forêts.
L’exemple de Los Angeles a de quoi faire froid dans le dos. Bien sûr, il a également été relevé que – même si comparaison n’est pas raison – face aux incendies industriels, quelques feux de rémanents de coupe ne pèsent pas bien lourd dans la balance. Quant à savoir quelle suite le canton donnera à cette pétition, Rénald Queloz n’a pas été en mesure de se prononcer. A sa hiérarchie de fixer la manière dont la loi sera désormais appliquée. Blaise Droz