Culture

C’est l’hélico qui assurera le transport

Edition N°28 - 17 juillet 2019

La sculpture géante réalisée à Moutier qui ornera l’hôpital de Porrentruy, avec de gauche à droite: Stéphane Hamel et Jean-Pierre Monnier, de la fonderie d’art prévôtoise et l’artiste, Logovarda. (photo cg)

Elle sera rouge, réalisée en résine, érigée à Moutier et ornera les abords de l’hôpital de Porrentruy. C’est une sculpture hors norme qui est en train d’être fabriquée dans un hangar d’une entreprise de construction, derrière les voies du train BLS qui servait d’ancien entrepôt de locomotives où une entreprise de ferraille était en activité il y a quelques temps. Dessinée par l’artiste Logovarda et réalisée conjointement avec le Prévôtois Jean-Pierre Monnier et son associé Stéphane Hamel, de la fonderie d’art prévôtoise, cette imposante œuvre est en voie d’achèvement.

Des dimensions impressionnantes, jugez-en plutôt: hauteur, 5.5 m, longueur: 7.5 m, largeur: 3 m, poids: 500 kg. Il fallait bien un entrepôt assez grand et surtout assez haut pour réaliser un tel monstre autour duquel s’affairent l’artiste et ses complices, tous sculpteurs, depuis deux mois. Un entrelacement d’espèces de tubes rouges symbolisant «le chaos de personnes atteintes dans leur santé et un hommage à ces gens qui cherchent à retrouver leur autonomie», précise Logovarda. On peut y découvrir par suggestion une jambe, un bras, un corps qui se redresse. L’œuvre est d’une telle ampleur qu’après avoir cherché comment la transporter et par où passer, la seule solution s’avère être l’hélicoptère. D’ailleurs, il ne restera que quinze petits centimètres en hauteur pour la sortir. C’est dire aussi que les locaux pour sa réalisation étaient rares. C’est ainsi que l’entreprise Dell’Anna a mis son dépôt à disposition et a même participé financièrement à l’aventure.

Logovarda

Il y a une trentaine d’années, Logovarda, de son vrai nom Franz Landry, né en 1943, s’est rendu à Paros, un archipel de Grèce situé dans le Sud de la mer Egée, où un monastère porte ce nom, qu’il a fait sien. Il y passa quelques années. Il vit maintenant à La Ferrière, dans un endroit retiré, seul ou presque, avec sa femme et quelques animaux, au milieu de nulle part, dans un repaire spacieux et silencieux, propice à la création de son monde de rêve. Instinctivement allergique à l’autorité, incorrigible rebelle, il décrit ses révoltes dans de grandes toiles, envahies par de drôles de créatures, de pantins difformes ou désarticulés. S’il fallait le qualifier, on pourrait dire de lui qu’il est un peintre rupestre, rebelle aux représentations académiques. Autodidacte et en rejet des normes établies, il dit peindre en spectateur de ses mains et a l’impression de mener un combat où il doit capituler, laisser faire sa peinture, son inconscient. Il n’a pas besoin de sujet. Les images défilent dans sa tête. Il est peintre, graveur, sculpteur et la recherche esthétique l’ennuie. La notoriété l’indiffère quoique «La reconnaissance est importante uniquement si elle permet de toucher le public, de l’émouvoir» préconise-t-il.

A l’hôpital de Porrentruy

C’est le docteur Braun, chef du centre de rééducation qui lui a demandé ce projet qui sera inauguré en septembre prochain. «On verra l’hôpital au travers de la sculpture» raconte Logovarda. Il l’a tout d’abord réalisée en maquette à l’échelle 4,5. Puis c’est avec la collaboration de Jean-Pierre Monnier, de la fonderie d’art prévôtoise, sculpteur lui aussi, et son associé, Stéphane Hamel, de Rossemaison, qu’il a mené à bien ce projet pharaonique. Alors si bientôt vous voyez un hélico transportant une grosse masse, genre tuyaux entrelacés au-dessus de vos têtes, que vous croyez y déceler une main ou une jambe, c’est que la sculpture de Logovarda est en train de rejoindre sa destination ajoulote.

Claude Gigandet

La sculpture géante réalisée à Moutier qui ornera l’hôpital de Porrentruy, avec de gauche à droite: Stéphane Hamel et Jean-Pierre Monnier, de la fonderie d’art prévôtoise et l’artiste, Logovarda. (photo cg)