Portraits

Clôtures insolites dans les pâturages

Edition N°40 - 28 octobre 2020

Exclos (clôtures) de protection d’un nouveau style sur les hauts du Fuet. (photo pn)

Bon nombre d’automobilistes circulant de Tavannes à Bellelay n’ont pas manqué d’être surpris en découvrant des constructions insolites érigées dans les pâturages au-dessus du Fuet. Art contemporain ou clôtures de protection ? Peut-être les deux.

Par opposition à l’enclos, clôture destinée à maintenir des animaux dans un espace défini, l’exclos a pour fonction d’empêcher des bêtes d’y pénétrer. A la fois massifs et aérés, ces derniers d’un nouveau genre aux dimensions imposantes ont fait leur apparition sur les territoires gérés par ValForêt SA, société en main des communes de Petit-Val, Rebévelier, la Scheulte, Saules, Tramelan et des bourgeoisies de Saicourt et Tavannes.

Mis à mal par les sécheresses successives et les invasions d’insectes ravageurs, les forêts et les pâturages souffrent. Il ne saurait en être autrement sur les hauts du Fuet. Rien que pour cette année 2020, quatre attaques de bostryche sont venues s’ajouter aux deux de l’année précédente, nécessitant la coupe de 200 m3 de bois de moindre qualité difficile voire impossible à commercialiser dans un marché moribond.

Le reboisement naturel n’étant pas toujours assuré et conformément à son cahier des charges, ValForêt s’est attelé à la tâche. Dans cette optique, le directeur Jean-Marc Friedli et ses collègues ont approché les services forestiers compétents, obtenant l’autorisation d’installer de tels exclos en lieu et place des traditionnelles plantations entourées de treillis métallique.

Atout économique et écologique

La construction de ces barrières protectrices à l’aide de troncs d’arbres de 6 mètres de long, non traités, représente un double avantage à la fois économique et écologique. En effet, le prix de revient des matériaux et de la main d’œuvre est équivalent à celui des réalisations traditionnelles. L’ensemble de l’investissement revient à la région. De plus le bois utilisé, environ 5 m3 par îlot, offre un petit débouché et ne s’ajoute pas aux stocks déjà importants de bois à déchiqueter en copeaux, la succession des hivers doux n’étant pas propice à ce négoce.

La nature a également tout à y gagner si l’on compare l’énergie grise utilisée. Un exclos traditionnel nécessite l’importation de piquets, l’emploi de treillis et de bois manufacturés, sans compter le démontage qui, dans le cas présent, se fera naturellement. La couleur du bois écorcé, bostryche oblige, renforce l’aspect visuel massif. Elle devrait s’atténuer avec le temps en passant à une teinte gris terne pour se fondre dans le paysage et disparaître entièrement une fois la végétation ayant pris son essor, après dix ans. C’est la durée prescrite durant laquelle trois à quatre arbres de haute tige entourés d’essences arbustives doivent être protégés.

L’originalité de telles constructions n’a pas manqué d’alimenter la controverse. Si certains avis négatifs ont été émis, d’autres positifs et plus nombreux sont parvenus à Jean-Marc Friedli suscitant l’intérêt de communes et de propriétaires privés.

Ainsi, d’autres réalisations pourraient essaimer dans la région et s’ajouter aux 19 exclos déjà construits par ValForêt dans les pâturages de Tramelan, Saicourt et Petit-Val.

Patrice Neuenschwander

Exclos (clôtures) de protection d’un nouveau style sur les hauts du Fuet. (photo pn)