Actualités, Portraits

Un déneigement impeccable

Edition N°3 – 27 janvier 2021

Nouveaux préposés au déneigement à la Montagne de Moutier, Marco (à gauche) et Fritz Freiburghaus perpétuent une tradition familiale qui impose le respect. (photo Olivier Odiet)

Mandatée depuis plusieurs décennies par la commune de Moutier pour assurer le déneigement, le salage, le gravillonnage et le fraisage sur le territoire de la Montagne de Moutier, la famille Freiburghaus perpétue cette tradition avec passion et savoir-faire. Après Willy et son fils Philippe, c’est au tour de Fritz d’assurer cette tâche rendue ardue par les impressionnantes soufflées. Il est épaulé par son fils Marco qui ne masque pas sa déception lorsque l’or blanc fait défaut tant ce travail lui procure du plaisir. Un vrai mordu qui savoure cette expérience avec délectation.    

Le manteau neigeux qui sert de décor à la Montagne de Moutier cet hiver est tout simplement splendide. Au point d’attirer marcheurs, amateurs de raquettes à neige et autres en grand nombre pour se ressourcer au grand air, d’une part, et contempler un paysage idyllique, d’autre part. Selon Fritz Freiburghaus, la Montagne de Moutier n’a jamais été aussi fréquentée que depuis l’arrivée de ce satané virus. « Il n’est pas rare de dénombrer une trentaine de voitures sur le plat de la Haute », signale-t-il. Si l’endroit séduit, c’est aussi parce qu’il est facile d’accès grâce à l’efficacité des préposés au déneigement. Il faut dire que, pour se mettre dans le bain, Fritz et Marco ont reçu des conseils précieux et avisés de Philippe, qui a quitté la Montagne de Moutier pour le Raimeux. « Avec mon fils Marco, nous n’avons pas encore son expérience, mais je crois qu’on se débrouille quand même assez bien », confie Fritz. « De toute manière, ce n’est pas possible de contenter tout le monde. On reçoit tantôt des félicitations, tantôt des critiques. Il ne faut pas s’atteler à ce travail pour élargir son cercle d’amis. Cela dit, on essaie toujours de faire le mieux possible en étant à l’écoute des doléances de chacun. » 

Un job truffé de pièges 

La famille Freiburghaus a commencé de déneiger le territoire de la Montagne de Moutier au début des années soixante avec les premiers tracteurs de la région, juste après le retrait des chevaux. Willy a exercé cette fonction durant près de quarante-cinq ans avant de céder le témoin à son fils Philippe qui a assuré la succession durant grosso modo treize ans avec le savoir-faire d‘un vieux briscard. Pour leur premier hiver en tant que responsables du déneigement, Fritz et Marco assument deux fonctions bien distinctes. Dès 4 heures du matin, c’est le fils qui s’y colle. Il ouvre les chemins avant de se rendre à Bévilard où il effectue un apprentissage de mécanicien en machines agricoles chez Heimann Frères. 

Le papa reprend le relais dès le départ du fiston pour permettre notamment aux amateurs de sports et de loisirs divers de bénéficier d’une place dégagée pour parquer leur véhicule. La qualité de l’équipement est primordiale pour accomplir les différentes missions inhérentes à ce job truffé de pièges. On pense notamment aux soufflées qui leur donnent énormément de fil à retordre. « Si nous n’avions pas un tracteur solide et puissant, il ne serait tout simplement pas possible d’ouvrir le chemin aux endroits où l’on mesure plus d’un mètre de neige en raison des soufflées », explique Fritz. 

Le tracteur Deutz-Fahr (110 CV) et la fraiseuse à neige appartiennent à Fritz Freiburghaus alors que la commune de Moutier met à disposition la lame à neige et la saleuse. 

Le blues des nostalgiques

Depuis la fermeture de l’école de la Montagne de Moutier, la priorité a été donnée au salage du tronçon  pour que le bus scolaire puisse véhiculer les élèves en toute sécurité. Un coup dur pour les nostalgiques. Adieu les mémorables descentes en luge jusqu’à la hauteur de l’ancien stand de tir et bonjour la frustration des privilégiés qui ont connu ce temps béni. Il n’y a pas que l’adrénaline liée à la discipline qui manque. Les délicieuses fondues avalées à l’ex-restaurant des Arsattes, à la basse montagne, aussi. On en verserait presque une (petite) larme. De kirsch, bien sûr !                          

Olivier Odiet 

Nouveaux préposés au déneigement à la Montagne de Moutier, Marco (à gauche) et Fritz Freiburghaus perpétuent une tradition familiale qui impose le respect. (photo Olivier Odiet)