Portraits

A la croisée de ses chemins !

Edition N°35 - 23 septembre 2020

Stéphane Chapatte : un agriculteur polyvalent qui n’est pas effrayé par les défis. (photo Olivier Odiet)

C’est chez lui, à Bévilard, que La Semaine a rencontré Stéphane Chapatte entouré de sa famille recomposée, Tiffany et ses trois enfants, Tayron, 10 ans, Félicia, 8 ans et Ryan, 6 ans. Enfin, fruit de leur amour, Thomas, tout juste âgé de deux mois.

Athlétique, le regard clair et déterminé, Stéphane a effectué un parcours sans faute après son CFC d’agriculteur et son école de recrues où il obtient les permis de conduire camion C/CE. Il enchaîne, en 2011, avec le brevet fédéral d’agriculteur, puis en 2013, il obtient la maîtrise fédérale tout en travaillant au domaine familial et, à temps partiel, chez Feuz Frères SA à Malleray pour le transport des fruits et légumes. Notre homme a aussi une tête bien faite. Outre le français, sa langue maternelle, il est aussi parfaitement à l’aise à l’écrit comme à l’oral avec l’allemand et l’anglais.

Suite à un stage agricole en 2008 dans le domaine de Gavin Robertson à Boissevain, province du Manitoba, au Canada, la langue de Shakespeare n’a plus de secret pour lui. Enfin, sa bonne maîtrise du suisse-allemand l’a amené à diriger, dès 2016, l’antenne francophone du canton de Berne du Contrôle pour une agriculture respectueuse de l’environnement et des animaux (CAREA).

Stopper l’attrait souvent trompeur de la vie citadine

Cette société de droit privé occupe 65 collaborateurs et reçoit ses mandats du canton et divers mandats de droit privé comme par exemple IP-Suisse. Pour rappel, le canton de Berne comporte près de 10’000 exploitations agricoles. En ce qui concerne le Jura bernois, on compte 550 exploitations faisant l’objet de contrôle selon un cahier des charges précis, de façon annoncée (50 %) ou inopinée (50 %). Ce cahier des charges s’appuie sur l’article 104 de la Constitution fédérale dont les axes principaux sont la sécurité de l’approvisionnement de la population (autosuffisance), la conservation des ressources naturelles, l’entretien du paysage rural et l’occupation décentralisée du territoire. Sur ce dernier point, il s’agit d’éviter l’exode des campagnes vers les villes et stopper l’attrait souvent trompeur de la vie citadine.

Contrôler des amis, c’est tout sauf évident!

Entouré de ses quatre contrôleurs, Stéphane doit procéder à des contrôles aléatoires concernant le bien-être des animaux, la qualité des installations et de la vie rurale en général. Bien sûr, quand il doit contrôler des amis, cela n’est pas évident. Alors, il prend de la distance et va visiter des domaines agricoles dans la partie germanophone du canton de Berne où la production agricole se répartit pour deux tiers à la filière lait et un tiers à la filière viande. La production maraîchère est marginale en raison du climat relativement rude notamment au Jura bernois. Outre les exploitations agricoles, les contrôles s’appliquent aussi dans les estivages, où l’on vérifie l’entretien des métairies, des pâturages, le débroussaillage et la qualité écologique de la faune florale notamment avec la présence d’espèces d’orchidées, de la sauge des prés, du thym, de l’esparcette et de la campanule entre autres.

Sa compagne aime la campagne

Le respect avec succès du cahier des charges permet aux agriculteurs de percevoir des contributions de la Confédération. 2020 est l’année de la transition car Stéphane Chapatte coiffera une seconde casquette en reprenant en janvier 2021 l’exploitation d’un domaine agricole.

Les points forts de ce domaine à naître seront la production laitière et l’engraissement de poulets notamment. Il sera de plus épaulé par Tiffany, sa compagne, qui aura achevé à même époque son brevet fédéral de paysanne. Un couple, et ses enfants, unis dans leur vie privée comme aux tâches agricoles.

Pierre Chevrier

Stéphane Chapatte : un agriculteur polyvalent qui n’est pas effrayé par les défis. (photo Olivier Odiet)