Le photographe Jean-Claude Wicky (1946-2016) est connu pour son travail sur les mineurs de Bolivie, commencé en 1984 sur l’Altiplano. Pendant près de vingt ans, il s’est rendu dans une trentaine de centres miniers, pour en ramener des photographies exceptionnelles. Hommage puissant et sensible à ces hommes des ténèbres, ses images ont été exposées dans près de quarante villes d’Europe, d’Amérique du Sud et d’Amérique centrale. Elles ont été montrées au Musée de l’Elysée à Lausanne ou achetées par la Bibliothèque du Congrès de Washington. Le livre « Mineros : mineurs de Bolivie » qui en réunit une sélection, publié en français chez Actes Sud à Arles (2002), a été traduit en espagnol, en allemand et en italien. Jean-Claude Wicky a lui-même acheté 600 exemplaires de la version espagnole de cet ouvrage, pour les offrir à celles et ceux qu’il avait photographiés et les donner aux bibliothèques et aux centres miniers. De ce nouveau voyage, il a tiré le film « Tous les jours la nuit : Mineros en Bolivia » (2010), récompensé par de nombreux prix, dont le Diable d’or et le Prix du public du Festival du film alpin des Diablerets en 2014.
Apprentissage de la photographie en autodidacte
Dans l’introduction de son livre, Jean-Claude Wicky met en parallèle son travail et celui des hommes qu’il photographie : « Ils ont des perforatrices, des marteaux piqueurs, des burins, de la dynamite ; je n’ai que deux appareils photo, objets dérisoires dans ce labyrinthe dantesque où règne le diable. » Surtout, il exprime, par le mot et par l’image, son immense affection pour ceux qu’il photographie : « Dans ma chambre noire, chaque photographie qui apparaît lentement dans le bain révélateur me rappelle une histoire. De solidarité, d’amitié, d’hospitalité. (…) J’espère que les mineurs se reconnaîtront dans ces photographies, comme j’ai essayé, au travers d’elles, de me reconnaître en eux. Ce travail est mon chant d’amitié au peuple bolivien et à tous ceux dont la tâche quotidienne est de chercher leur destin dans les profondeurs de la terre. » Ce photographe, exposé dans des institutions prestigieuses et dont le talent est unanimement reconnu, a pourtant appris la photographie en autodidacte. Il a vécu mille vies avant de commencer à photographier.
Footballeur de talent
Né le 28 janvier 1946 à Moutier, il grandit dans la maison familiale à Perrefitte où il gardera son atelier de développement. Employé de commerce, il est engagé en 1965 comme fonctionnaire des douanes à Chiasso où il est aussi footballeur professionnel de LNA. Auparavant, il avait joué au FC Moutier ! C’est lors d’un voyage autour du monde qu’il réalise ses premières photographies, au Japon (1972-1973).
A son retour à Moutier, il s’installe comme photographe et collabore avec divers journaux et magazines. Il expose ses photographies dès 1978 à Moutier, puis en Amérique latine, en particulier sur les chercheurs de glace, les Hieleros. Il travaille aussi au Laos, à partir de 1995 et y présente une exposition dans la capitale du pays : « A glimpse of Laos » en 1997. Jean-Claude Wicky a reçu de nombreux prix, dont le Prix fédéral des arts appliqués (1983 et 1986), une bourse du canton de Berne (1989), le Prix de la ville de Moutier (1989) et le Prix spécial de la Commission culturelle interjurassienne (2009). Ses images sont conservées dans de nombreuses collections publiques et privées.
Mise en valeur d’un travail photographique exceptionnel
Le livre « Mineros : mineurs de Bolivie » porte la dédicace « Pour Anne-Marie », sa compagne de toujours. Soutien de son travail, écoute de ses rêves et de ses ambitions, Anne-Marie Liengme a accompagné le talent de Jean-Claude Wicky. C’est elle qui a remis à Mémoires d’Ici les archives personnelles du photographe, ses négatifs et les tirages de travail et d’exposition. Elle a souhaité que le centre de recherche et de documentation puisse conserver et mettre en valeur le travail exceptionnel d’un photographe qui a magnifié la beauté et l’humanité des femmes et des hommes qu’il a rencontrés. Quelques très beaux tirages du photographe sont à découvrir dans les espaces publics de Mémoires d’Ici.
(cp-oo)