Actualités, Culture

Changer le présent pour sauver le futur

Edition N°43 – 23 novembre 2022

Le Visiteur (à droite) et ses acolytes ont peu de temps pour sauver l’humanité. (photo ldd)

Equipez-vous de votre machine à voyager dans le temps et embarquez dans le 17e épisode de notre série cinéma. Dans « Le Visiteur du Futur », une bande de bras cassés se démène pour sauver notre monde au bord d’un cataclysme nucléaire. 

Venons-en d’abord aux origines du principal intéressé, à savoir ledit Visiteur du Futur. Qui est-il ? Certes le nom parle de lui-même, mais pas sûr que le personnage soit forcément connu de tous. Il est le fruit de l’imagination débordante du réalisateur François Descraques et de l’interprétation de l’acteur Florent Dorin. Individu voyageant à travers les âges, le Visiteur a fait ses débuts en 2009 dans des vidéos amateur diffusées sur Dailymotion. Ses missions humanitaires consistaient initialement à débarquer durant notre ère pour stopper de futures catastrophes. Comment ? En empêchant le pauvre Raph de jeter une canette ou de manger la dernière part de pizza. Par des concours de circonstances étranges, ces actions pourraient avoir de terribles répercussions, principalement la fin du monde. Simple et efficace, le concept prend de l’ampleur et s’étend dans plusieurs web-séries, romans et mangas. Forcément, le passage du petit au grand écran allait finir par s’imposer. 

Transition réussie 

Cette adaptation cinématographique n’y va pas avec le dos de la cuillère. A peine lancé, le film nous plonge dans un futur proche, lors de l’explosion d’une centrale nucléaire de la firme chinoise Axomako. Comment en est-on arrivé là ? Simplement grâce à la signature du député Gilbert Alibert, bien convaincu par cette énergie « propre », au grand désarroi de sa fille Alice qui compte bien stopper le projet. C’est aussi le cas du fameux Visiteur du Futur et de sa bande, composée du maladroit Raph (travaillant maintenant pour le fameux voyageur) et l’androïde Dr Henry Castafolte. Mais le temps presse. L’explosion nucléaire a généré un nuage radioactif qui menace l’humanité en 2055 tandis que la Brigade Temporelle, sorte d’unité de police futuriste, est aux trousses du Visiteur, bien décidé à l’empêcher de changer le cours du temps. Toute cette intrigue un poil tordue forme une comédie de science-fiction tout à fait sympathique. L’humour décapant que l’on connaissait à la série d’origine est bien présent, jouant autant avec les gags visuels que les tournures de phrases. Le côté plus dramatique de l’œuvre n’est jamais non plus très loin, offrant des scènes particulièrement touchantes. Il faut aussi dire que visuellement, « Le Visiteur du Futur » n’a pas non plus grand-chose à envier aux gros blockbusters actuels. Les effets spéciaux, décors et costumes sont tous de très bonne facture et donnent vie à un monde apocalyptique crédible. Le budget serré peut par moment se faire sentir, mais il convient de dire qu’un tel vent de fraîcheur dans le monde actuel de la comédie française ferait presque oublier ce regrettable défaut. Bref, pour un passage du web aux salles obscures, le film peut se vanter d’avoir remporté son pari. 

Une aventure pour tous 

Mais la plus grande réussite de cette comédie réside dans son exploit de pouvoir être vue par des personnes n’ayant jamais regardé la série originelle tout en satisfaisant les fans de la première heure. Un sacré casse-tête sur le papier. Le seul vrai gros problème de la démarche réside dans certaines interactions entre des personnages que l’on devine avoir un passé commun mais sans jamais vraiment savoir quoi. Il en résulte des choix et des intrigues qui ne semblent avoir aucun sens sans le contexte, plombant ainsi le visionnage pour les personnes ne connaissant guère toute l’histoire. Un problème que n’auront certainement pas les connaisseurs. Pour ceux et celles qui désireraient justement en voir plus de cet univers délirant ou si la sortie du long-métrage vous a échappé, rassurez-vous : la série originale est disponible sur YouTube dans son intégralité. Bon voyage (dans le passé, cette fois) ! 

Louis Bögli

« Le Visiteur du Futur »
Réalisation : François Descraques
Durée : 1 h 42
Pays : France
Note : 4/5 

 

3 questions à …

Karim Gehrig, projectionniste, caissier et responsable technique de la coopérative Cinématographe-Royal 

Un film de science-fiction français : est-ce rare ?
Personnellement, j’ai vu bien plus de comédies françaises que de films de science-fiction français. Ce genre est plutôt réservé aux Américains. 

Pourquoi est-ce ainsi ?
Je pense que c’est peut-être lié aux effets spéciaux. Un film de science-fiction en requiert bien plus qu’une comédie classique. Peut-être que le cinéma français ne dispose pas d’un budget suffisant pour produire ces films avec la qualité qui va avec. 

Par manque d’habitude, la langue française pourrait-elle dissuader les spectateurs d’aller voir une œuvre comme « Le Visiteur du Futur » ?
C’est bien possible. Nous avons déjà eu dans notre cinéma des cas où les gens faisaient remarquer que les comédiens étaient difficiles à comprendre. Bien plus que dans un film ou une série américaine où ils se font doubler en français. En général, les acteurs articulent mieux lors du doublage. C’est pourquoi il peut y avoir cette méfiance envers l’œuvre, ce qui pourrait être aussi le cas avec « Le Visiteur du Futur ».

 

Karim Gehrig,
projectionniste, caissier
et responsable technique
de la coopérative Cinématographe-Royal

Le Visiteur (à droite) et ses acolytes ont peu de temps pour sauver l’humanité. (photo ldd)