Portraits, Sport

Christiane Grindu puissance 100 !

Edition N°15 – 17 avril 2024

Christiane Grindu sur son tapis de course et devant une partie de ses baskets usées. (photos cg)

Elle habite sur les hauteurs de Moutier, à Chantemerle, une petite rue où les maisons se ressemblent. Je commence par regarder les noms sur les boites aux lettres quand j’en repère une peinte en rouge. Pas nécessaire de chercher plus loin, j’ai trouvé. C’est une vraie fada du rouge. La voiture, la déco, les coussins, la vaisselle, les chaises de jardin, etc., tournent autour de ce ton écarlate. Elle me reçoit souriante comme à son habitude, la tchatche alerte, le rire exubérant et avec sa bonne humeur légendaire. Portrait, suite, mais pas fin…

Bouffer des kils

C’est avec son mari Louis, un homme baraqué d’origine réunionnaise, qu’elle a passé la moitié de sa vie au rythme des courses et entrainements. D’abord de petites trottes régionales, puis toujours plus longues jusqu’à devenir de véritables marathons, qui rappelons-le, se courent sur une distance de 42,795 km. Ils en font au moins trois par an, plus d’autres courses prestigieuses, toujours ensemble. Mais l’homme a connu quelques problèmes de santé et a été emporté par cette saloperie de Covid en 2019. Cela n’a pas empêché Christiane de continuer sur cette lancée, malgré la difficile séparation, elle enchaine encore diverses courses de moyennes et longues distances. 

Gros moyens déployés pour célébrer son 100e marathon 

Les coureurs à pied sont une grande famille et de nombreux liens se créent au travers de leurs retrouvailles. Ils se reconnaissent et fraternisent dans tous les coins du monde. Et régionalement, c’est pareil. Quand les amis de Cricri ont appris qu’elle allait inscrire sa centième participation à un marathon, ils ont décidé de l’accompagner dans cette aventure, même si tous ne sont pas des spécialistes de ce genre de course. Un groupe Facebook a été créé, des teeshirts « 100e » imprimés, et une vingtaine de potes se sont inscrits pour Bordeaux, au marathon du Médoc, le 7 septembre. Des Prévôtois, Jurassiens ou Français participeront donc à cette aventure. Les inscriptions ? De la folie. La course connaît un tel succès qu’il faut être prêt à bondir sur son ordi, car en moins de deux heures, la messe est dite pour les 3000 dossards attribués. Mais notre coureuse de fond connaît quelques ficelles, quelques organisateurs qui lui ont permis de ne pas être pomme avec le bourg et que toute la fine équipe soit inscrite à temps ! 

Le pinard, un excellent… Médoc  

Aussi sympa que ça le Médoc ? « C’est une de mes courses préférées. Tout le monde est déguisé, c’est une vraie fête, il y a une ambiance incroyable et du monde, beaucoup de monde. Les ravitaillements sont fabuleux, il y a des dégustations de produits du terroir et bien sûr, plein de pinard. Oh… il y a aussi de l’eau… », précise Christiane Grindu. Mais elle ne court désormais plus pour le chrono et nous cite son meilleur temps : 3 h 32 au marathon de Venise, mais « tu sais », rigole-t-elle, « un marathon, tu sais comment tu le commences, mais pas comment tu le finis. J’ai peut-être 20 ans dans la tête, mais les guibolles n’ont pas suivi ! Je pense le terminer dans les environs de 5 h 30 et franchir la ligne d’arrivée sans casse. » Elle ajoute encore que sur place, c’est souvent le bal des ambulances pour des personnes qui forcent trop ou sont mal entraînées. Elle aime aussi beaucoup les marathons de Londres et de New-York qui réunissent plus de 50’000 participants venus d’au moins 150 pays. Ce dernier passera par les quatre quartiers de la « grosse pomme », à savoir Brooklyn, le Queens, Manhattan, le Bronx, et termineront à Central Park, des noms de rêve que chacun apprécie.

Des chiffres et des lieux

Avec son fameux rire, elle nous emmène au sous-sol où sont exposées une partie de ses chaussures de course, dossards et trophées… Des baskets, elle en use trois paires par année, si bien que plus de 120 paires ont pris leur retraite, rangées dans une armoire. Précisons que toutes les courses qu’elle a réalisées, mises bout à bout, représentent plus de trois fois le tour de la terre ! Les étagères sont remplies de teeshirts. Combien ? « Au moins deux mille ! Avec ceux que j’achète et ceux que je reçois… » Quasiment toutes ses vacances ot été consacrées à parcourir le monde pour assouvir sa passion. Jetons un regard sur ses courses et marathons : courses : 25 x Sierre-Zinal, 8 x la Juracime, 7 x les 100 km de Bienne, 31 x Morat-Fribourg, 30 x le Grand Prix de Berne, 30 x la course de Kerzers. Marathons : 26 x Londres, 27 x Bordeaux-Médoc, 14 x New-York, 2 x Chicago, 2 x Boston, 7 x Venise, Rome, Rotterdam…

Plus toutes les courses régionales, nationales et internationales, semi-marathons et petites trottes juste pour la santé qu’il serait trop fastidieux de citer. Faites le calcul : ça fait bien plus de trois fois le tour de la planète. Quelle santé !

Claude Gigandet

Christiane Grindu sur son tapis de course et devant une partie de ses baskets usées. (photos cg)