Sous le titre Inde de tous les instants, Jean-Marie Jolidon publie un livre photographique empreint de sensibilité, de tendresse et d’affection pour les gens qu’il a rencontrés lors de la dizaine de voyages qu’il a effectués dans ce pays qui le passionne. Tous en noir et blanc, les clichés relatent des morceaux de vie de l’incessant mouvement des ambiances de la rue, du labeur quotidien des ouvriers, de la vie sur les bords du Gange ou des moments de vie qu’il a partagés avec ces gens qui n’ont rien, mais qui donnent beaucoup. Il raconte, associé aux textes de l’écrivaine morgienne Christine Grobéty, la vie difficile et les liens forts de ce pays unique auquel il a déjà consacré deux ouvrages.
Natif de Moutier en 1954 habitant actuellement au Fuet, Jean-Marie Jolidon est un bourlingueur, grand voyageur et aventurier né qui a de nombreux voyages autour de la terre à son actif. Professeur d’éducation physique, enseignant au ceff artisanat et à l’EMSp de Moutier, il a réalisé un postgrad en photographie. Il a aussi publié une dizaine d’ouvrages sur ses voyages et collaboré à de nombreux reportages photographiques dans le monde pour des revues prestigieuses. Pour sa dernière publication, lnde de tous les instants, il souhaite éveiller la curiosité du lecteur et lui permettre de découvrir ce pays avec son peuple et ses réalités quotidiennes. Il privilégie l’aspect artistique et n’a aucune intentionnalité d’ordre scientifique, bien qu’un aspect anthropologique soit fortement présent.
Photographe hors pair
Jean-Marie Jolidon explore le monde avec son appareil photo avec tendresse pour les gens qu’il côtoie. Il les immortalise avec respect et capte leurs regards jouant avec les lumières, les angles ou les situations. Photographe de rue et de morceaux de vie, il observe, attend, réagit et fixe l’instant au travers de constructions précises, cadrées avec soin. Le traitement en noir et blanc de ses images accentue l’intemporalité de cette Inde et de sa civilisation millénaire. C’est ainsi qu’il s’y est pris à plusieurs reprises et avec patience pour tirer le portrait de la jeune fille au regard ténébreux qui se cache derrière un voile et qui sera en couverture du livre. La dernière image de son ouvrage est le visage buriné d’une vieille dame ce qui lui permet, entre les deux, de vagabonder entre diverses thématiques comme la vie au bord du Gange, ce fleuve de vie, ce fleuve sacré par excellence qui traverse le pays du nord au sud, axe de vie principal de l’Inde. Son eau dissout toutes les fautes, lave toutes les souillures et apporte les nutriments pour la terre. Il raconte aussi les gens de la rue, pénètre dans l’intimité de leurs habitudes, profite de moments agréables avec des enfants, ou exprime le labeur quotidien et difficile des travailleurs, dans ce vacarme continu de la circulation. Mais il ne passe pas non plus sous silence certains moments comme la dureté de la vie, la pauvreté de ce pays ou la mort. Il se retrouve plongé dans les couleurs et les odeurs de l’Inde et d’une des plus anciennes villes du monde, Bénarès-Varanasi, au bord du Mataa Ganga (Gange). Il retrouve aussi Surenda, ce conducteur de vélo-pousse qu’il connaissait déjà depuis d’autres voyages, qui le conduit dans les ruelles, lui fait découvrir des sensations nouvelles et d’autres valeurs de son pays et de ses habitants. Il faut reconnaître aussi la faculté à Jean-Marie Jolidon de saisir l’essentiel avec son œil affûté. Il crée parfois une espèce de kaléidoscope avec des images multiples qu’il compartimente, avec des enchevêtrements de plans flous ou nets, comme une mise en scène qui invite le spectateur à reconstituer l’image originelle.
Christine Grobéty
Née à Lausanne, cette enseignante est formatrice d’adultes et correctrice d’ouvrages d’art. Elle crée ensuite une officine d’écrivain public à Morges, où elle réside depuis plus de 40 ans. Aujourd’hui écrivaine reconnue, elle rédige des récits, des contes philosophiques, des nouvelles ou de la poésie. C’est elle qui écrit les textes de l’Inde de tous les instants. Elle a déjà collaboré à deux reprises avec le photographe et prête à nouveau sa plume délicate pour raconter le quotidien et la vie de ce pays qui la touche. Bien qu’elle n’y soit jamais allée, elle s’est laissée captiver par les images et les récits de Jean-Marie Jolidon et prend à cœur de les relater avec l’éclairage de mots qui laisseront le lecteur choisir le cycle de vie qui y est raconté, selon son propre ressenti.
Claude Gigandet
Le livre de 96 pages en bichromie, en trois langues, (français, allemand, anglais), disponible dès fin novembre, est en souscription chez l’auteur (jolidon1@bluewin.ch, 079 436 75 56).