Culture

Entre émerveillement et ciels plombés

Edition N°40 – 30 octobre 2024

Toute l’équipe des photographes de Fest’Images 2024 à l’heure de la photo de famille. (photo bd)

C’est sans doute une simple coïncidence, mais Daniel Salzmann a fait état d’une situation financière quelque peu tendue pour le magnifique Cinéma Palace au terme de la projection de onze montages photographiques dont beaucoup mettaient en évidence des ciels lourds et dramatiques. Le couple Salzmann et Action culture espèrent toutefois pouvoir remettre sur pied une douzième édition, peut-être en utilisant un nouveau projecteur 4K, afin de mettre encore davantage en valeur les extraordinaires photos que présentent depuis onze ans, des photographes choisis dans la région au sens large. Les thèmes étaient variés, bien qu’ils se rapportaient toujours ou presque à la notion de voyage.

Balade autour du monde

C’est d’ailleurs à un véritable tour du monde que Daniel Salzmann a convié le public. Le point de départ a été la Scandinavie présentée au travers de très belles images de Muriel Schupbach, la photographe de Moutier qui a déjà été présentée dans ces colonnes. Victime d’un problème technique, le montage de la Prévôtoise a toutefois défilé à trop vive allure pour que l’on puisse apprécier à sa juste valeur la qualité du travail effectué. 

Il a fallu un long voyage pour passer de la Scandinavie à plusieurs pays du Sud-Est asiatique vus par l’objectif de Michel Hausmann. Son regard incisif s’est focalisé sur des mégapoles à l’architecture souvent audacieuse mais d’autres fois désespérément fonctionnelle et des humains perdus dans un environnement de fer et de béton qui donne le vertige.

Le montage suivant, celui de Gérard Lüthi est parti d’une idée géniale, celle de créer des images composites du Sri Lanka, à partir de photos de 1983 en noir et blanc et d’images de 2018 crées avec du matériel numérique et en couleur. Du travail de fourmi sur Photoshop et du tout grand art au service d’une idée, celle que malgré d’immenses changements et modernisations, l’ancienne Ceylan a su garder son âme intacte.

C’est à Florence Salzmann qu’est revenu l’honneur de reposer le pied en Europe, plus spécifiquement à Venise qu’elle a photographiée avec subtilité « Sur les pas de Corto Maltese » en prenant grand soin de sortir des canaux battus pour offrir des vues souvent en noir et blanc d’endroits peu connus de la Cité des doges.

Automne jurassien

Andreas Kammermann a ensuite pris le relais. A défaut d’emmener le public vers des contrées lointaines, il a rappelé avec un immense brio que la nature existe également à nos portes. La forêt jurassienne en automne lui a permis de partir à la rencontre de nombreux mammifères, mais aussi d’oiseaux et de paysages avant de conclure avec des séquences vidéo de torrents d’eaux vives ainsi que de vues très originales de branchages torturés par une puissante tempête.

Chloé Dumont travaille dans un registre similaire, à savoir la capture des moments forts que nous offre l’observation des animaux sauvages, des plantes et des paysages de nos régions. Son style fait la part belle à des images en noir et blanc tantôt peu contrastées, tantôt bien dramatisées ou avec des touches de couleur qui mettent en évidence un élément remarquable dans une composition. Une façon très artistique de présenter des photos animalières.

Après toutes ces aventures terrestres, il est bon de s’offrir un petit plongeon dans les eaux mexicaines. Le Biennois Marc Berset et le Fribourgeois Daniel Strub ont emmené le public fasciné par leur double aventure en eaux douces puis marines, mais jamais troubles. Le fil rouge de cette belle aventure entre concrétions de grottes inondées et raies manta n’était pas moins que le dieu maya Kukulcan, diable !

Entre ciel, terre et mer

Mais après une aventure mystique, il est toujours bon de revenir sur terre, dans le cas particulier en émergeant sur les îles hawaïennes en compagnie d’Olivier Bernaschina, grand amateur de ciels somptueux qui se marient à des terres sauvages et des vagues menaçantes pour créer des tableaux renversants. Bien plus grand qu’un chapelet d’îles, le Québec a été le terrain de chasse photographique du Tavannois Patrick Humair qui a capturé des instants magiques avec la faune et des moments de calme reposant auprès de rivières aux cours majestueux dans les bois de feuillus. Comme une cerise sur le gâteau, Léo de Graaff, le Franc-Montagnard originaire de Tavannes, a bouclé ce grand tour du monde en une série d’images somptueuses de la Scandinavie, puis des Alpes et du Jura. 

Son truc à lui est de se jouer de la brume parfois percée de rais de lumière. Les arbres, les rochers, la neige se marient en un festival de tons pastels, chauds par-ci, bleutés par-là mais toujours fabuleux. 

A vous faire espérer du brouillard et de la froidure à l’heure de regagner ses pénates avec de belles images plein la tête. Fest’Images 2024 a, une fois encore, enchanté son fidèle public.

Blaise Droz 

Toute l’équipe des photographes de Fest’Images 2024 à l’heure de la photo de famille. (photo bd)