Culture

Galaad: un retour retentissant

Edition N°20 - 22 mai 2019

Galaad revient après plus de vingt ans d’absence avec un album et une tournée. (photo Rolf Perreten)

Groupe prévôtois phare des années quatre-vingts-nonante, Galaad, à la base une bande de potes qui avaient fini par crever l’écran en dépassant largement les frontières régionales, renaît de ses cendres vingt-trois ans après sa séparation. Et cela de la plus belle des manières, en sortant un nouvel album, FRAT3R (prononcer frater) qui sera présenté en CD, vinyle et sur les supports numériques, avec en plus une belle série de dates de concerts à la clé. Dans l’espace, le groupe a muri et s’est affirmé dans son style musical oscillant entre rock progressif, metal, pop, voire grunge sauvage, avec des textes en français.

Dans les années 1980, quelques amis d’enfance, passionnés par les styles de l’époque, Pink Floyd, Genesis, Marillion ou Ange forment un groupe sous l’appellation de Galaad (chevalier vainqueur du Saint-Graal). Ils ont pour noms Gianni Giardello, claviers, Laurent Petermann, batterie, Maria-Lourdes Denis, basse (brusquement décédée) et Pierre-Yves Theurillat, au chant et aux textes. Au cours des années, le groupe s’affirme au travers de nombreux concerts (environ 150 scènes). Ils jouent en ouverture de groupes connus, remportent le titre de meilleur groupe jurassien (1990) et fascinent certains réseaux rock francophones avec des concerts en France, dont une dizaine à Paris, et des succès dans les festivals de Suisse romande. La basse sera reprise, à la suite du décès de Maria-Lourdes par Christophe Bée, Vincent Berberat et Gérard Zuber, qui rempile, alors qu’il n’avait plus touché sa basse depuis vingt ans. Deux albums sont issus de ces années-là, Premier février en 1992 et Vae Victis, en 1996. D’autres pointures musicales régionales feront des apparitions dans le groupe, à l’instar de Claude Kamber, Alain Tissot ou Simon Gerber.

La renaissance de Galaad

Lors d’un point presse, Pierre-Yves Theurillat et Gérard Zuber ont présenté leur nouvel album, en précisant qu’en 2016 les musiciens reprennent contact entre eux, vingt ans après leur éclatement, d’abord sans le chanteur (qui a aussi mené une carrière solo avec l’Escouade et PYT), juste pour le plaisir de jouer quelques reprises. La renaissance de Galaad s’opère alors avec le barde prévôtois et en 2017, un concert à la Fête de la jeunesse jurassienne de Moutier et une prestation au Chant du Gros ressoude le groupe qui repart de plus belle, avec sa formation originelle (Theurillat, Froidevaux, Giardello, Petermann, Zuber). 

FRAT3R

C’est le titre de l’album, entre réalité et onirisme, de huit titres qui sortira officiellement le 15 mai avec 300 vinyles, 1000 CD et sur les supports numériques. «Les modes de consommation numérique peuvent rendre inutile l’achat d’un support musical physique. Les CD ne se vendent plus et les vinyles ne sont destinés qu’aux passionnés. Mais c’est une expérience sensorielle et nous voulions véritablement présenter un bel objet», raconte Gérard Zuber. Les textes de Pierre-Yves Theurillat reflètent l’influence d’une actualité mondiale parfois douloureuse, les événements et manifestations en France, la dictature, la question animale, le terrorisme, la famille et les valeurs affectives, la drogue, l’amour, la mort, la fraternité, etc., mais aussi la Question jurassienne avec le titre «Justice». «Ce n’est pas une chanson politique ou provocatrice, c’est un hommage à la terre jurassienne et au combat jurassien, écrit librement et en toute indépendance pour saluer ces quidams jurassiens que nous sommes», précise le chanteur. Ce titre, très rock, a d’ailleurs fait l’objet d’un clip aux images énergiques réalisé par Guillaume Lachat. D’autres artistes régionaux se sont associés à la création de l’album, à l’instar de Caryl Montigni, production, Line Héritier, graphisme, Rolf Perreten, photos. 

Financement et concerts

Après Vae Victis décrit comme une espèce de sauvagerie contenue, la conception FRAT3R est «un résultat très satisfaisant et son contenu est conforme au style du groupe, qui traite de manière poétique et conceptuelle de la fraternité. Fraternité qui est l’origine même du groupe et de sa reformation», écrit le guitariste Sébastien Froidevaux. Un financement participatif a permis de récolter plus de Fr. 10’000.- pour permettre la réalisation de l’œuvre. Plus de 150 personnes, dont de nombreuses domiciliées en France ont soutenu le projet. Le reste, sur un budget de Fr. 25’ 000.- provient de leurs fonds propres. C’est une dizaine de concerts qui viendront corroborer la sortie de l’album dont le vernissage aura lieu à Delémont, le 17 mai. Ensuite dans la région: le 18 mai à Estayer, le 21 juin à Saignelégier, le 25 octobre à Tavannes ainsi que d’autres dates en France dont le 28 septembre au Gibus Live de Paris.

Claude Gigandet

www.galaad-music.ch

Galaad revient après plus de vingt ans d’absence avec un album et une tournée. (photo Rolf Perreten)