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Gare au surpoids et à l’obésité!

Edition N°29 – 14 août 2024

Mauro Oddo: «La Suisse dispose de structures sanitaires de haut niveau.» (photo ldd)

Pour les cas graves de Covid-19, le surpoids et l’obésité jouent un rôle clé dans l’aggravation de la maladie. Le Professeur Mauro Oddo, Médecin-Chef au Service de Médecine Intensive Adulte, CHUV et Université de Lausanne, recommande aux personnes appartenant à cette catégorie de respecter scrupuleusement les mesures de protection imposées, surtout chez ceux qui sont sous traitement pour une hypertension artérielle ou un diabète. 

Mauro Oddo, le surpoids et l’obésité représentent des facteurs de risque d’infections sévères chez les patients atteints du Covid-19. Comment l’expliquez-vous?
– L’obésité est à considérer comme un facteur de vulnérabilité, du fait qu’elle s’expose à un risque augmenté de maladies cardio-vasculaires, diabète, hypertension artérielle, ainsi qu’une baisse des capacités respiratoires. Il faut savoir aussi qu’une part importante des patients souffrant d’obésité admis aux soins intensifs et intubés appartient à une classe d’âge inférieure à 65 ans. C’est un constat surprenant. 

Comment détermine-t-on le surpoids ou l’obésité?
– Surpoids (ou excès pondéral) et obésité sont définis par l’indices de masse corporelle (IMC), qui met en relation la taille avec le poids (ndlr: l’IMC s’obtient en divisant le poids de la personne par sa taille au carré. Exemple: si vous mesurez 1 m 80 pour 80 kg IMC = 80 / (1.8*1.8) = 24,7. Dans ce cas précis, on se situe dans le cas d’un statut normal.)

Quel indice de masse corporelle faut-il atteindre pour être classée dans la catégorie des personnes vulnérables au Covid-19?
– Un indice de masse corporelle de 35 selon les recommandations françaises et de 40 selon l’OMS.

Quelles sont les recommandations que vous préconisez aux personnes en surpoids ou souffrant d’obésité pour les aider à traverser au mieux cette crise sanitaire?
– Respecter scrupuleusement les mesures de protection imposées, surtout chez ceux qui sont sous traitement pour une hypertension artérielle ou un diabète et qui ont donc des facteurs de risque prouvés. Pour tous, consultez votre médecin en cas de symptômes et il serait bien de connaître son état de santé (pression artérielle, glycémie notamment). 

Comment vivez-vous cette période troublée en tant que responsable des soins intensifs au CHUV?
Intensément mais aussi sereinement, de par l’esprit d’équipe et la solidarité qui règnent dans le service et à l’hôpital en général.

Qu’est-ce que vous a le plus marqué depuis le début de cette crise sanitaire?
– La coopération et la résilience de chacun.

Etes-vous confiant pour ces prochains mois?
– Oui, pour autant que chacun de nous joue son rôle de citoyen responsable. 

Quelle est la principale leçon que vous retirez de votre propre expérience au sujet du Covid-19?
– Plus qu’une leçon, je dresse un constat. C’est le fait que la Suisse dispose de structures sanitaires de haut niveau.

A quel niveau pensez-vous que cette crise sanitaire aura des répercussions salutaires?
– Au niveau humain: la mobilisation de tous a été exceptionnelle. Le renforcement des liens et des valeurs qui sont à la base de notre profession aura un impact positif, j’en suis persuadé. 

Propos recueillis par Olivier Odiet 

Mauro Oddo: «La Suisse dispose de structures sanitaires de haut niveau.» (photo ldd)