« Fais n’importe quel métier, mais surtout ne porte pas ton choix sur l’usine ! » Livré par son papa, ce message n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. André Neukomm l’a pris à la lettre pour en distribuer, dès 1977. Après avoir effectué sa formation postale d’une année à Bienne, c’est à Zurich qu’il a aiguisé ses premières armes dans le métier durant quatorze mois. Son école de recrue terminée, le géant jaune lui a offert l’opportunité de poursuivre sa carrière à Bienne tout en travaillant également à Moutier, lieu sur lequel il fut basé dès 1987. Passionné par les voyages, André Neukomm a pris plusieurs fois des congés non payés d’une durée de quelques mois pour partir à l’aventure. Son expérience à La Poste ne s’est pas limitée à la distribution du courrier puisqu’il a travaillé à l’expédition à Bienne où il déchargeait les wagons. En effet, à l’époque, le courrier et les express étaient acheminés par la voie ferroviaire avant d’opter pour les camions. « C’est surtout la logistique qui a changé au fil des années, mais l’essence même de notre métier, soit la distribution du courrier, n’a pas varié d’un iota », explique-t-il. Depuis 2007, André Neukomm a principalement travaillé dans les villages de la couronne de Moutier, de Roches à Elay ainsi qu’à la Montagne de Moutier. « Bien qu’étant domicilié à Grandval, je ne connaissais pas véritablement les gens du Cornet et c’est grâce à mon métier de facteur que j’ai pu me familiariser avec eux », poursuit-il. Le fait de braver la pluie, le vent et le froid n’est pas un phénomène qui l’a perturbé outre mesure : « Bien sûr, c’était parfois difficile de composer avec les caprices de Dame météo, mais je n’ai jamais pesté contre le temps », relève-t-il.
Une chouette équipe !
Consciencieux, flexible et ponctuel, André Neukomm n’est jamais parti le matin au boulot en traînant la savate car il aimait son métier. Et pour ne rien gâcher, la Poste de Moutier est réputée pour la formidable ambiance qui règne au sein d’une chouette équipe ayant tissé au fil des années des liens d’amitié solides et durables. Respect, entraide et enthousiasme ne sont pas de vains mots pour cette ancienne génération de facteurs unie par un dénominateur commun : le professionnalisme. C’est samedi dernier que l’ami « Dédé » a effectué sa dernière tournée non sans tomber sous l’avalanche de surprises qui accompagne traditionnellement cet adieu à la vie en jaune. Il se dirige vers une retraite active qui lui permettra de jongler, sans contrainte horaire, entre le Ski-Club, la Persévérance, la marche en haute montagne, le camping-car et ses petits-enfants. Rester sans rien faire, ce n’est pas le genre de la maison. Surtout, ne change pas, André ! Olivier Odiet