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Journée d’échange et de partage

Edition N°20 – 27 mai 2021

De gauche à droite : Norbert Valley, Julia Montfort , Soran Muradi, Etienne Arrivé, modérateur. (photo pn)

Annulée l’année passée en raison de la situation sanitaire, la huitième édition de la journée CIP-Solidaire aura lieu dimanche prochain 30 mai de 10 h à 16 h. Avec comme élément phare le repas interculturel préparé par les requérants d’asile du centre d’accueil de Tramelan. Une belle occasion de découvertes, d’échanges et de réflexion. De la réflexion, il y en a déjà eu jeudi dernier lors de la projection de « Mon Hôte », documentaire de Julia Montfort suivi d’une table ronde intéressante, à lire ci-dessous.

CIP-Solidaire poursuit deux buts, à savoir faire connaître les associations caritatives régionales actives dans dix-huit pays et favoriser les rencontres entre requérants d’asile et la population. En cette période de pandémie, la plupart des activités se tiendront à l’extérieur. « Mais au moins, la manifestation aura lieu », dit Mathieu Chaignat. Quinze associations travaillant contre les inégalités et la pauvreté dans le monde tiendront un marché pour présenter leurs actions qu’elles soient dans le domaine de l’éducation, la santé, l’agriculture, le développement durable et bien d’autres encore. Des jeux et une fresque sont prévus pour les enfants. Un guitariste, Darlly Maia, et des accordéonistes passeront entre les stands. Une exposition préparée par les élèves du ceff sur le thème de la migration et la Suisse sera présentée. Une démarche qui se veut pédagogique sous forme de photos, de reportages, de sketchs et de créations personnelles.

Le repas préparé par les habitants du centre d’accueil sera servi sur les terrasses du CIP. Il est impératif de s’inscrire à l’avance. En cas de mauvais temps, les personnes inscrites pourront prendre leur repas « à l’emporter ». Les participants à la partie officielle prévue à 11 h 30 en présence de la conseillère d’Etat Christine Häsler en charge de l’Instruction publique sont également priés de s’annoncer. Les réservations pour le repas et pour la partie officielle peuvent se faire en téléphonant au 032 484 06 06 ou par courriel : culture@cip-tramelan.ch.

Une région solidaire

On l’oublie parfois, mais sous l’égide de la Fédération interjurassienne de coopération et de développement (FICD), trente-sept organisations actives dans la coopération et le développement, basées dans le canton du Jura, le Jura bernois et la région biennoise ont soutenu ces onze dernières années quarante-huit projets dans dix-huit pays. Une belle performance pour une région dite périphérique. Ceci grâce au soutien des cantons du Jura et de Berne ainsi que de quatorze communes.

Jeudi dernier, Julia Montfort, journaliste française et réalisatrice était présente au CIP à Tramelan pour participer à la table ronde qui a suivi la projection du premier épisode des « CARNETS de solidarité », une web-série réalisée par ses soins visible sur youtube : https://www.youtube.com/watch?v=UNPMYcnS22A&t=63s.

L’accueil en urgence d’un réfugié tchadien pour une durée d’une semaine qui s’est prolongée plus d’un an lui a permis de vivre avec son mari une expérience et une aventure humaine de découvertes et de rencontres. Un enrichissement mutuel qui s’est élargi avec les voisins. Très vite, une réalité qu’elle ignorait s’est révélée à elle, une France invisible et solidaire. L’idée lui est alors venue de montrer cette réalité différente, loin des préjugés, celle qui existe et passe sous les radars médiatiques, celle qui ne fait pas la une des journaux. Elle désire mettre en lumière un autre volet de l’immigration, pas celui de la peur de l’autre ou du chaos, mais celui des élans de solidarité, qui souvent se manifestent dans l’anonymat. Aux images de peur et de chaos, elle préfère opposer la richesse des rencontres. Tendre la main fait du bien. Donner enrichit. 

Des propos partagés par Norbert Valley, pasteur connu pour ses prises de position et son engagement solidaire qui lui a valu d’être condamné en 2018 pour avoir aidé un requérant d’asile. Cette même année, 972 personnes avaient été condamnées dont plusieurs centaines avaient eu tort d’accueillir un membre de leur famille. Acquitté depuis, Norbert Valley rappelle qu’un texte de la Bible vieux de 3500 ans nous invite à accueillir l’étranger comme un indigène.Et d’ajouter qu’on se déshumanise en passant à côté de la détresse humaine. L’autre est un miroir et parfois on préfère cacher son miroir pour ne pas regarder son propre reflet. Pour lui, c’est une évidence de secourir celui qui en a besoin. Ce qui ne semble pas aller de soi pour bon nombre de politiciens qui durcissent régulièrement les lois en guise de solution au phénomène migratoire, surfant ainsi sur les peurs de leur électorat.

Soran Muradi, réfugié iranien d’origine kurde a lui aussi parlé de ses préjugés et de ses peurs. A son arrivée à Tramelan, il avait une représentation erronée de l’Europe et peur de sortir, d’aller à la rencontre de l’autre. Lui qui a fuit l’idéologie islamique radicale et souffert des différences sociales et ethniques exacerbées entre Perses et Kurdes a découvert qu’ici les politiciens de différents partis pouvaient débattre et prendre des décisions ensemble indépendamment de leur appartenance religieuse. C’est grâce à Mathieu Chaignat et quelques autres personnes qui l’ont invité chez eux qu’il a pu créer des liens d’amitié et trouver une famille de substitution. La qualité de l’accueil, les petits gestes, quelques mots échangés peuvent rendre un peu de dignité à ceux qui en ont été privés. Pour conclure, retenons ce proverbe cité par Soran Muradi : « Les herbes vivantes et les herbes sèches brûlent ensemble dans une forêt en feu. »

Patrice Neuenschwander

De gauche à droite : Norbert Valley, Julia Montfort , Soran Muradi, Etienne Arrivé, modérateur. (photo pn)