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L’art et ses effets bénéfiques

Edition N°13 – 8 avril 2021

Par Pierre Chevrier

Dans un article paru dans ces colonnes le 10 février 2021, je décrivais, sans concession mais avec lucidité, les effets pervers de cette pandémie qui nous a atteint au cœur et des désastres qu’elle va engendrer dans tous les métiers de la création artistique et de sa commercialisation. J’aimerais laisser de côté l’aspect mercantile et consacrer cette chronique aux effets bienfaisants de l’art, agissant comme un baume protecteur et guérisseur sur notre santé tant mentale que physique. Déjà les hommes de la préhistoire, dans la grotte de Lascaux à Montignac en Dordogne, ont créé leur « Sixtine » en exprimant leur représentation graphique du monde qui les entoure par des éléments à la fois picturaux figurant des animaux, des symboles mais aussi narratifs. Car l’homme veut se prolonger après sa mort en laissant des créations, des objets comme autant de témoignages à l’usage des générations futures. La narration, d’abord orale puis écrite, est fondamentale à mon avis. Le langage et l’écriture sont des outils qui ont permis des avancées considérables dans le développement de la mémoire collective de l’humanité. Alors comment et où situer la musique, art fondamental s’ il en est ? On a un début de réponse dans un opéra d’Antonio Salieri dont l’argument principal est le suivant : « Prima la musica e poi le parole ». 

Les effets bénéfiques des arts ont été observés pendant l’Antiquité où Aristote parlait déjà à leur sujet de catharsis. Il s’agit d’une remémoration affective pouvant conduire jusqu’à une sublimation des pulsions. En ce sens, c’est le rapport entre un public à un spectacle, au théâtre, à un concert et bien sûr à une exposition. Les arts participent aussi au développement chez l’enfant en renforçant les liens mère-enfant et en stimulant l’acquisition du langage ; de plus, ils aident à prévenir les problèmes de santé en améliorant le bien-être et en retardant le déclin intellectuel. Notre cerveau sert avant tout à nous maintenir en vie. Une partie est dédiée à Apollon, c’est le côté rationnel qui nous permet d’adapter nos actions en fonction des informations que nous envoie le monde extérieur. L’autre partie du cerveau, dédiée à Dionysos, offre d’autres circuits tapis dans les méandres de celui-ci : ceux du plaisir et de la récompense ! Ce sont ces derniers qui nous donnent le goût de vivre ! Ils secrètent en particulier de la dopamine, une molécule qui soutient l’élan vital et probablement stimule les processus créatifs. D’autres substances complètent cet ensemble vital dont la sérotonine aux vertus antidépressives, les endorphines qui soulagent des douleurs, l’adrénaline et bien d’autres… En conclusion, il faut nourrir notre cerveau « apollinien » pour ne pas voir dépérir notre corps, mais n’oublions jamais sa moitié « dionysiaque » que seul l’art sculpte, caresse et stimule en un parfait équilibre. 

Par Pierre Chevrier