Portraits

Le courage de ses opinions !

Edition N°37 - 13 octobre 2021

Thomas Stettler : «  Les Jurassiens doivent comprendre qu’il y a tout autant de bonnes personnes chez les Bernois et vice-versa.  » (photo oo)

Quitte à déplaire, Thomas Stettler dit les choses sans détour. Cette franchise, ce courage de ses opinions n’est pas quelque chose qu’il retrouve systématiquement chez ses adversaires politiques, ce qu’il regrette amèrement. Rencontre avec le président de l’UDC Jura, en charge du dicastère de la Bourgeoisie au Conseil communal de Courroux-Courcelon.

Qu’on adhère à ses idées ou pas, il faut bien reconnaître un mérite à Thomas Stettler : la franchise. « Ma plus grande fierté dans mon parcours politique, c’est de toujours dire ce que je pense et non pas ce que mon interlocuteur souhaite entendre. Ce courage-là, je ne le retrouve pas toujours chez mes adversaires politiques et je le regrette », explique-t-il. Domicilié à Courroux, à un jet du village de Soyhières, le président de l’UDC Jura occupe la fonction de conseiller communal à Courroux-Courcelon depuis quatre ans. « L’ambiance est géniale au sein de l’Exécutif. Chacun dirige le dicastère qui correspond à ses compétences professionnelles, ce qui représente un énorme avantage. L’équipe est soudée et dans le 90 % des cas, les séances se terminent par un souper où les sujets de discussion portent davantage sur le domaine privé que sur la politique. » Excepté les Verts libéraux et le CS-POP, tous les partis jurassiens sont représentés. Cette palette d’affinités différentes offre une belle représentativité des tendances politiques, ce qui permet à chaque citoyen de s’identifier avec ses autorités. « La santé financière de la commune et la qualité de ses infrastructures sont des éléments qui me tiennent particulièrement à cœur. Le dicastère de la Bourgeoisie englobe les forêts, les restaurants et les ferme-restaurants. Comme la population de Courroux est nettement plus importante que celle de Courcelon, nous veillons à ne pas délaisser la plus petite entité. Cet équilibre est très important. » La traversée de la route de Courroux, dont le chantier se terminera à la fin de l’année prochaine, est un projet phare impactant la population de manière importante : « Sachant que ce tronçon enregistre un total de 13’000 véhicules par jour, des palettes ont été préférées à des feux pour être plus réactifs et assurer ainsi le confort des usagers », explique-t-il.

Le respect dans les gênes

Avec treize ans de Parlement jurassien au compteur, Thomas Stettler, qui a cédé son fauteuil de député à Jean Leuenberger en janvier 2020, est considéré comme un ténor de la politique cantonale. Au point de recevoir des sollicitations pour occuper la fonction de Ministre : « Je me sens toujours très flatté lorsque des gens pensent à moi pour entrer au Gouvernement jurassien, mais je tiens à ma famille et j’aime mon métier d’agriculteur. Ces sphères-là ne sont pas pour moi. » La marque de fabrique de Thomas Stettler dans le monde de la politique jurassienne, c’est le respect. Jamais vous ne le verrez écraser quelqu’un en raison d’un avis divergent : « Même s’il m’arrive d’être parfois incisif dans mes discours, j’ai toujours eu de très bons contacts avec mes adversaires politiques. J’attache une grande importance au respect. Cela se ressent également en dehors de la politique. En tant qu’agriculteur, je suis très sensible à la cohabitation entre les différents acteurs qui sillonnent la nature. Lorsque je croise une personne qui me tourne le dos quand je passe en tracteur parce que ma présence l’agace, ça m’attriste. Nous vivons à la campagne, pas à Bâle. Prêter attention à autrui par un petit signe de la main me semble une évidence, mais ce point de vue n’est hélas pas partagé par tout le monde. »

Une percée inespérée

Thomas Stettler se déclare très satisfait de la percée de l’UDC dans le canton du Jura ces dernières années : « Quand j’ai commencé la politique, l’UDC ne comptait qu’un élu sur soixante au Parlement jurassien. Aujourd’hui, nous en dénombrons sept. Il y en avait même huit lorsque je siégeais encore. Je constate également que la relève pointe le bout de son nez, pour ne rien gâcher. Le fait d’avoir un élu au Conseil communal de Courroux-Courcelon est également un signal très positif. Cela démontre que l’époque où nous étions les porteurs d’eau du PLR est révolue. Cela dit, j’admets volontiers que l’obtention de ce siège se fait toujours un peu à l’arrache. » Thomas Stettler a pris goût à la politique en entendant les discours de son oncle à la table familiale. Ce dernier n’a certes jamais eu de fonction officielle, mais ses analyses étaient pertinentes. Aujourd’hui, le virus de la politique a frappé la fille de Thomas, Francine, qui siège au Parlement jurassien au sein de l’UDC en tant que suppléante. Signe que la pomme ne tombe jamais très loin de l’arbre.

Message au MAJ !

Thomas Stettler crie haut et fort qu’il est content que le canton du Jura existe. « C’est une patrie que j’embrasse ! » s’exclame-t-il. Pourtant, sa scolarité ne fut pas de tout repos sachant que les protestants suisses-allemand avaient tout intérêt à se tenir à carreau en classe et dans la cour de récréation : « Mon credo était clair : ne jamais montrer que je savais l’allemand. Et lorsque ma sœur avait le malheur de parler cette langue devant les autres, je partais en courant pour me protéger », confie-t-il. S’agissant du départ de Moutier dans le canton du Jura, notre interlocuteur se veut philosophe : « Si ce changement est propice à l’apaisement, c’est une réussite, mais si c’est pour rester en guerre, c’est un échec. Mon plus grand souhait, c’est que la ville de Moutier puisse définitivement être délivrée de la Question jurassienne. Vous savez, les Jurassiens doivent comprendre qu’il y a tout autant de bonnes personnes chez les Bernois et vice-versa. Je suis toutefois quand même assez sceptique sur l’avenir économique de cette ville que l’affaire jurassienne a rendu sinistrée. Oui, je nourris de grandes inquiétudes quant à sa possibilité de devenir prospère à moyen et même long terme. » Et Thomas Stettler de conclure : « Je peux comprendre que le MAJ reste aux aguets durant la période du transfert, mais après, j’espère qu’il aura la grandeur de passer à la dissolution du mouvement. Le contraire m’agacerait car cela ne serait tout simplement pas correct ! »

Olivier Odiet   

 

Portrait express

Nom : Stettler                 

Prénom : Thomas              

Date de naissance : 28 octobre 1969     

Domicile : Courroux               

Etat civil : marié, six enfants                

Profession : agriculteur

Film préféré : Intouchables    

Plats préférés : osso buco, spätzli        

Loisirs : tir, vélo électrique

Traits de caractère : créatif, bordélique, persévérant

 

Qui fait quoi ?

Conseil communal de Courroux-Courcelon    

Philippe Membrez (maire) : administration, police, finances

Pierre Luchinger (vice-maire) : urbanisme

Sandrine Fleury : vie locale, loisirs et embellissement

Yves-Alain Fleury : travaux publics, services communaux

Raphaël Ciocchi : écoles

Roberto Segalla : action sociale

Thomas Stettler : bourgeoisie

Thomas Stettler : «  Les Jurassiens doivent comprendre qu’il y a tout autant de bonnes personnes chez les Bernois et vice-versa.  » (photo oo)