Portraits, Sport

Le titre de Mister Univers en prime !

Edition N°44 - 30 novembre 2022

Sans fard et nature, tel qu’on peut le croiser à Moutier. (photo cg)

Ce n’est pas tous les jours qu’on a un champion du monde en Prévôté dans un sport qui demande abnégation et travail intensif. C’est le cas depuis le 11 novembre dernier où Garry Montanari est devenu Mister Univers, en body building, lors d’une compétition à Nivelles, en Belgique, dans la catégorie -80kg. Il a aussi décroché une carte professionnelle, une forme de reconnaissance et de prestige dans le milieu. Quelques semaines avant, il avait déjà décroché le grand prix suisse.

Certaines ou certains adorent, d’autres trouvent ça moche. On dit : c’est trop, ou ouah ! C’est de la gonflette ! Mais non, c’est du muscle ! Les baraqués ne laissent en général personne indifférent. Garry, lui, est parfois un peu aigri. Il aimerait bien qu’on reconnaisse son sport, les privations, les efforts que cela demande et il constate tout de même un peu de jalousie. Mais il se sent bien dans son physique et ne changerait rien tant les 639 muscles de son corps qu’il travaille (presque) un par un lui apportent bien-être et fierté. Et les compléments alimentaires qui permettent ces volumes impressionnants ? Ils sont nécessaires en sus de l’alimentation car sans eux, on ne pourrait pas absorber assez de protéines, de vitamines et les acides aminés les plus importants, ce que les aliments naturels n’incluent pas, peut-on lire dans des articles spécialisés.

Un vrai Prévôtois

Né en 1985 à Moutier, Garry Montanari y fait ses classes primaires et secondaires et un apprentissage d’infirmier. Il sera garde-bain un certain temps, puis deviendra agent d’exploitation, branche qu’il enseignera au centre professionnel de Neuchâtel et au ceff de Moutier. Il effectuera aussi des cours du soir en formation d’adultes.

De retour de l’armée où il est sergent-major, il se dit qu’avec ses 62 kg, il n’est pas très balaise. Petit, il regardait souvent le sport à la télé et était impressionné par la masse musculaire des gymnastes à l’artistique. Il fait alors la connaissance d’un champion du monde de body building, Patrick Muller (à qui nous avions consacré un article en 2016) et se met à s’entraîner à fond et les résultats suivent.

Il se donne beaucoup de peine pour faire rejaillir sur notre région ses titres multiples, parfois un peu dans une certaine indifférence, alors que suivant les pays où il a concouru, les body builders sont très appréciés. « Suivant où je
me trouvais dans le monde pour des présentations, j’étais photographié sous toutes les coutures », affirme-t-il.

Palmarès éloquent

En 2015, on le retrouve champion suisse. (Il existe plusieurs fédérations, une dizaine, dans ce sport, (NPC IFBB, WABBA, etc., dont nous vous faisons grâce). En 2016 et 2017, il réalise beaucoup de podiums avec des 2e, 3e places, toutefois sans être 1er, ce qui viendra l’année suivante où il sera champion suisse et où il participe pour la première fois au championnat du monde, mais ne sera pas classé. Cependant, 2019 lui sourit puisqu’il est à nouveau champion suisse et même champion du monde (Ukraine), obtient sa carte pro, et gagne le prix toutes catégories confondues, puis sera encore 2e à Mister Univers (Strasbourg), considéré comme plus haut titre que champion du monde, dans sa catégorie. 

Puis surviendra une période de blessures au biceps et le Covid. Il doute alors de retrouver son niveau et de reprendre la compétition. Mais c’est mal connaître notre homme qui reprend l’entraînement à fond. Il reconquiert alors en 2022 le litre de champion suisse, devient Mister Univers (Nivelles), moins de 80 kilos et 3e toutes catégories, qui réunit les vainqueurs de chaque catégorie selon le poids des athlètes, et retrouve sa carte pro. Précisons que la balance avant le concours affichait 79,95 kg !

Entraînements intensifs

Pour en arriver à ce niveau, il faut beaucoup de travail et d’abnégation. Garry Montanari s’entraîne cinq fois par semaine à raison d’une heure et demie par séance où il travaille ses muscles les uns après les autres. Il se rend dans une salle à Soleure et aussi à Moutier, à Go-Gym et tient à honorer son propriétaire, Cédric Noirat. A noter qu’il n’a pas de sponsors, ni de préparateur. Il fait tout, seul. Au niveau de l’alimentation, il mange normalement, à part les trois ou quatre mois avant les compétitions, où il faut subir une période de « séchage », c’est-à-dire réduire les glucides et augmenter les protéines de sorte à faire subir au corps une espèce de choc thermique. Des règles d’hygiène sévères si l’on veut faire ressortir les muscles qui doivent coller à la peau, et même les veines. 

La compétition

Le cérémonial de compétition est aussi assez particulier. L’athlète, avant de se présenter sur scène, passe dans une cabine où il est quasiment giclé avec un produit (tan) et huilé, habillé d’un mini slip cachant juste l’essentiel ! Viennent alors différentes postures pour faire ressortir les courbes selon un certain cérémonial : symétrie, morphologie, lignes, positions (posing) pour pousser les muscles en avant etc., font partie de critères que le jury estime avec une rare précision. Le compétiteur se dirige vers le centre de la scène et exécute sa pose de face puis sa pose de dos en faisant une transition de son choix. Il faut avoir un dos en V, épais et large, une taille très fine, des abdos, cuisses, dorsaux saillants, etc. Bref, une densité musculaire volumineuse. Il n’est certainement pas évident pour les juges de différencier ces balaises et ce sont d’infimes détails qui peuvent faire la différence.

L’avenir

Garry est arrivé au plus haut niveau mais semble ne pas s’en satisfaire. Il va continuer à s’entraîner pour conserver son volume et s’aligner dans d’autres compétions à un niveau encore supérieur tels l’Olympia ou l’Arnold classique et vise un top six sur ces plus hautes compétitions du monde. Bientôt un extraterrestre !

Claude Gigandet

Sans fard et nature, tel qu’on peut le croiser à Moutier. (photo cg)