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Leçon de courage !

Edition N°38 – 19 octobre 2022

Le moral d’Ida Zbinden reste au beau fixe en toute circonstance. (photo oo)

La plus grande richesse, c’est la santé. Certaines personnes n’en ont pas conscience et se lamentent à longueur de journée pour des broutilles, style une météo maussade, un léger rhume, etc. Cette attitude pleurnicharde contraste singulièrement avec la positivité et la joie de vivre d’Ida Zbinden, de Grandval, qui souffre d’une paralysie spastique à évolution lente et se déplace en chaise roulante. Dans sa maison, elle est indépendante et s’occupe même des tâches ménagères. Cette leçon de vie, de courage force l’admiration. Puissent les éternels grognons en prendre de la graine… 

Née le 19 janvier 1960, Ida Zbin-den arbore un sourire lumineux en permanence. Malgré son lourd handicap, elle croque la vie à pleines dents. Cette grande admiratrice de Roger Federer se place même parfois dans un rôle de psy pour remonter le moral à ses amies. « Je ne me plains jamais ! » s’exclame-t-elle. « Quelque part, j’ai eu de la chance dans mon malheur puisque le fait de souffrir d’une maladie à évolution lente me permet d’apporter les adaptations qui s’imposent alors que si j’avais été victime d’un grave accident, ma vie aurait basculé d’un jour à l’autre. » Avant de jouir d’une retraite anticipée bien méritée il y a trois ans, Ida se déplaçait chaque matin avec sa voiture adaptée à la gare de Moutier pour se rendre à son travail à Bienne : « J’avais besoin de demander de l’aide pour monter dans le train et les gens se sont toujours montrés formidables avec moi », relève-t-elle. Avant de voir sa maladie se dégrader, Ida se déplaçait avec une canne qu’elle a baptisée Fritzli. Deux chaises roulantes, une pour la maison et une autre pour le travail, lui ont ensuite permis de pouvoir garder son indépendance. Comme pour la canne, les chaises ont été affublées d’un nom, en l’occurrence Stanley. 

Récolte de petits bouchons pour une association valaisanne

Dans sa maison de Grandval où elle vit seule, Ida a progressivement procédé à des adaptations de manière à pouvoir vivre en toute autonomie. « Je me sens vraiment bien chez moi. J’occupe ma retraite en lisant beaucoup et en regardant des séries américaines à la TV. Il m’arrive aussi de déambuler dans les rues de Grandval avec mon Stanley. Non, franchement, je ne manque de rien. Ma coiffeuse se déplace même depuis Les Pommerats jusqu’à Grandval. J’ai beaucoup de chance. » Parmi ses nom-breuses occupations s’ajoutent encore la récolte de petits bou-chons de bouteilles en plastique destinés à une association valai-sanne à but non lucratif. Les bouchons sont d’abord triés par des personnes bénévoles avant d’être revendus, en fonction du marché, entre 80 et 120 francs la tonne. L’argent récolté est utilisé pour soutenir des associations de sport handicap par l’achat d’un matériel adéquat. « Mon domicile est devenu un point de récolte puisque de nombreuses personnes se déplacent jusque chez moi pour y déposer des bouchons dans un endroit spécialement aménagé à cet effet », confie-t-elle. 

La page des dédicaces sur une radio régionale est tournée

Ida Zbinden est connue sur les ondes de la radio régionale pour avoir transmis durablement des dédicaces à ses ami-e-s lors d’une émission dominicale : « J’ai décidé de tourner cette page-là. Trente ans de fidélité, c’est déjà pas mal. »

On ne peut raisonnablement pas s’entretenir avec cette sexagénaire à la grandeur d’âme hors normes en ignorant le regard qu’elle porte sur l’évolution du village de Grandval depuis l’époque de son enfance : « L’agriculture et l’industrie occupaient une grande place au village. Le tissu commercial et artisanal était lui aussi très étoffé avec deux restaurants, trois garages dotés de stations-service, deux magasins d’alimentation dont un faisait également office de boulangerie, une société de laiterie, une forge et la poste. Comme dans les autres villages de cette taille, ce riche panel économique s’est appauvri au fil des années, mais Grandval reste attrayant grâce aux animations régulières proposées au Banneret Wisard et à la vitalité de ses sociétés locales. »

Olivier Odiet

 

Le moral d’Ida Zbinden reste au beau fixe en toute circonstance. (photo oo)