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«Les hockeyeurs ne sont pas des mauviettes»

Edition N° 2 – 22 janvier 2025

Neil Stuck à propos des instruments dentaires: «Je ramène tout à la Tissot Arena sauf ma fraise.» (photo oo)

Au HC Bienne, on est dentiste de père en fils. En effet, Neil Stuck assure le remplacement de son papa depuis 2019 au sein du staff médical de la première équipe. Anecdote croustillante à défaut d’être marrante : Neil, grand fan du HC Bienne, avait reçu un puck en plein visage alors qu’il suivait un match au Stade de Glace à l’âge de 13 ans. C’est le professeur Biedert qui lui avait administré les points de suture. Au bénéfice d’une grande expérience dans le domaine de la physiothérapie, Neil a ensuite orienté sa carrière professionnelle vers le métier de dentiste. Présent à tous les matchs de la première équipe du HC Bienne à domicile, il assure en cas de besoin non seulement une prise en charge pour les joueurs seelandais, mais également pour les joueurs de l’équipe adverse et les arbitres. «Il est clair que je respecte scrupuleusement la règle visant à mettre tout le monde à la même enseigne», confie-t-il. « Je pourrais empêcher un pilier de l’équipe adverse de rejoindre la glace en prolongeant volontairement mon intervention pour gagner du temps, mais cela ne serait pas très fair-play », relève Neil Stuck, tout sourire. 

Protège-dents: le rose est mis

En cas d’incident ou d’accident survenu durant un match de la première équipe du HCB à la Tissot Arena, le médecin et le dentiste interviennent ensemble, ce qui leur facilite grandement la tâche. «Si la blessure entre dans mon domaine de compétence, c’est lui qui m’assiste et vice versa», confie-t-il. Divers traumatismes et blessures bucco-dentaires peuvent survenir en l’absence de protège-dents : dent fêlée ou cassée, destruction de couronne ou de bridges, lésions au niveau des lèvres ou des joues, nerf dentaire abîmé, fracture de la mâchoire ou commotion cérébrale. Tout athlète peut être victime d’une blessure bucco-dentaire et le port du protège-dents en constitue la meilleure prévention. L’ennui, c’est que certains joueurs rechignent à avoir recours à cet artifice qui peut engendrer une gêne ou encore des problèmes de respiration. «Avec un protège-dents, les joueurs n’ont pas le même feeling et c’est évident qu’ils se sentent mieux dans leur peau lorsqu’ils n’en portent pas», souligne Neil Stuck. «Mais attention, ne mettons pas tout le monde dans le même panier. Certains joueurs s’en amusent. Je pense notamment à Robin Grossmann qui a demandé à son fils de 4 ans de choisir la couleur et c’est sur le rose qu’il a jeté son dévolu. En règle générale, ils sont plutôt blancs ou transparents.» En plus de jouer son rôle de dentiste, Neil Stuck se retrouve parfois dans la peau d’un confident, les joueurs n’hésitant pas à lui déballer leurs problèmes personnels. «A ce stade de la compétition, il y a beaucoup de stress notamment lié à la perte éventuelle d’un contrat et certains joueurs grincent des dents ou se mordent fortement les lèvres. C’est donc aussi mon rôle de leur apporter quelques conseils pour évacuer toute cette tension.» Selon le dentiste du HC Bienne, il existe un gros paradoxe dans le milieu du hockey sur glace dans le sens où la virilité qu’un joueur affiche sur la glace fait place à une surprenante tendresse dans le privé. «Cela m’a toujours frappé. Sur la glace, les hockeyeurs ne sont pas des mauviettes. Ils reprennent régulièrement leur place après avoir encaissé de rudes coups. Or, dans le privé, cette attitude de guerriers disparait totalement. De la brutalité à la douceur, il n’y a qu’un coup de patin que les joueurs franchissent aisément.»   Olivier Odiet      

Neil Stuck à propos des instruments dentaires: «Je ramène tout à la Tissot Arena sauf ma fraise.» (photo oo)