Fraîchement nommée à la mairie de Belprahon (276 habitants) lors d’une élection libre, Evelyne Rais connaît parfaitement les rouages du ménage communal pour avoir siégé à l’Exécutif durant 12 ans. Dans l’épineuse Question jurassienne, elle a toujours voulu jouer la carte de la neutralité, sans toutefois renier un penchant pour le Jura. Avec la nouvelle équipe, qui se compose uniquement d’autonomistes, la future maire est persuadée de pouvoir faire du bon boulot. Elle s’attellera à sa nouvelle tâche avec ferveur et dans l’intérêt des citoyens du village.
Domiciliée à Belprahon depuis 38 ans, Evelyne Rais se passerait volontiers du contexte politique sulfureux dans lequel Belprahon est plongé en raison du vote de Moutier. D’un point de vue légal, le sort de cette petite commune est certes scellé, mais en faisant référence à la démocratie si chère à la Suisse, on se dit que rien n’est jamais gravé dans le marbre. Alors ? Alors si la ville de Moutier devait basculer dans le canton du Jura le 28 mars 2021, la question d’un nouveau vote à Belprahon va forcément revenir sur le tapis : « L’impulsion ne viendra pas de moi, mais je suis prête à suivre le mouvement », confie Evelyne Rais, qui rappelle au passage l’existence de nombreuses collaborations entre ces deux communes. L’Exécutif aura d’autant plus de poids dans la bataille que plus aucun représentant du camp antiséparatiste ne siège au Conseil communal. Est-elle surprise par ce désintérêt, cette démission collective des partisans du maintien de Belprahon dans le canton de Berne ? « Oui, je m’attendais à des candidatures de leur part, mais je ne me pose pas de questions. Je respecte leur choix, c’est tout. » Sachant que la commune de Belprahon avait choisi de rester bernoise le 17 septembre 2017 par 121 voix contre 114, on peut légitimement s’interroger sur les raisons qui ont incité les vainqueurs à déserter le terrain politique juste au moment où la fièvre monte. Le mystère reste entier…
En récoltant 119 voix lors de la récente élection libre, Evelyne Rais, actuellement en charge du dicastère des aînés, des eaux propres, des déchets et des inhumations, s’est déclarée surprise par un résultat aussi éloquent. C’est une belle marque de reconnaissance de la population vis-à-vis de son engagement pour le village.
Les hommes en minorité…
Candidate à sa propre succession au Conseil communal lors des dernières élections, c’est donc les portes de la mairie qui se sont ouvertes à elle. Elle siègera avec les quatre candidats de la liste « Belprahon s’engage », soit Nadège Wegmüller, Aude Sauvain, Christophe Fluri et André Membrez. « Je suis la seule rescapée de l’ancien Conseil, mais cela ne m’effraie pas », signale-t-elle. « Je vais essayer de les coacher le mieux possible. L’équipe est motivée et nous nous connaissons bien. Je suis persuadée qu’on va pouvoir faire du bon boulot. » Lors de notre entretien effectué au bureau communal, le maire sortant Michel Leuenberger s’est installé sur son ordinateur en pleine interview. Malaise ou pas dans la salle ? Alors soyons franc, son apparition n’a engendré aucune gêne puisque le paradoxe de Belprahon réside dans le fait que les membres de l’Exécutif actuel se montrent respectueux et filent une parfaite harmonie malgré leurs divergences de vue sur l’appartenance cantonale du village. Avec 12 ans de Conseil communal et 28 ans de mairie à son compteur, Michel Leuenberger peut se retirer la tête haute. Son investissement pour Belprahon mériterait qu’on lui érige une statue sur la place du village. Une idée qui sera peut-être développée par le nouveau Conseil, qui sait…
C’est le grand moment de changer de conduites, mais…
S’agissant des (autres) dossiers qui composeront le menu de la prochaine législature, on citera le Plan d’aménagement local (PAL), la sécurisation du village en général et plus particulièrement dans le secteur de l’école, ainsi que la projection des travaux qui devront être réalisés dans le village au niveau du goudronnage, des conduites et autres canalisations. « Plus rien n’a été touché depuis 1958 ! », s’est exclamé Michel Leuenberger. Le hic, c’est les finances. Tout laisse supposer que la population doive encore s’armer de patience avant d’assister au démarrage de ces travaux. Non, Belprahon ne roule pas sur l’or… On ne peut raisonnablement pas évoquer les projets des autorités de Belprahon en passant sous silence la ferme Joray, qui appartient à la commune. D’ailleurs si Evelyne Rais était magicienne, c’est ce dossier-là qu’elle sortirait de son chapeau. Ce site exceptionnel dispose de nombreux atouts, dont un toit refait, mais les coûts d’une rénovation intérieure s’annoncent très élevés et les investisseurs ne se bousculent pas au portillon, vous l’aurez compris… Si Evelyne Rais a accepté de relever le défi de la mairie, c’est aussi parce qu’elle jouira d’une retraite bien méritée dès le mois d’août 2021 après avoir occupé le poste d’enseignante au Syndicat scolaire du Grand-Val durant de nombreuses années. Son retrait de la vie professionnelle lui permettra de consacrer davantage de temps à ses grandes passions : ses deux petits-enfants et la pétanque. De quoi s’aérer l’esprit entre deux séances de Conseil…
Olivier Odiet
Portrait express
Nom : Rais
Prénom : Evelyne
Date de naissance : 2 mai 1956
Domicile : Belprahon
Profession : enseignante
Etat civil : mariée, 2 enfants, 2 petits-enfants
Film préféré : Dirty Dancing
Plats préférés : gnocchis, salade avec pommes de terre rondes et fromage
Loisirs : pétanque, voyages
Traits de caractère : empathique, consciencieuse,
disponible, révoltée par l’injustice
