Le ciel est dégagé, les nuages sombres de l’ouest ne viendront pas jouer les trouble-fête. Un vent léger plâne sur le Pré Rond à Malleray. La musique tonitrue et les ballons roses virevoltent le long des barrières. Une douce soirée s’annonce, sous les encouragements d’un public plutôt masculin, mi-enjoué mi-alléché par l’odeur de saucisse.
La Valbirsienne, course uniquement pour mesdames, a vécu cette année sa 4e édition. Pour assurer la continuité, Marianne Froidevaux a signé une nouvelle victoire. Reçue 4 sur 4, la Breulotière n’a toutefois pas battu son record de l’année précédente en 26’50’’.
Gagnante cette année en 27’07’’, elle est vraiment la reine de la Valbirsienne. Vanessa Aellig et Jennifer Widmer ont terminé main dans la main et se classent ex-aequo à la deuxième place, à plus d’une minute de Marianne Froidevaux. Lorsqu’elle revient sur sa course, elle repense au lièvre qu’elle aurait aimé avoir ou alors au vent de face qui lui a sûrement fait perdre quelques forces et secondes. C’est vrai qu’elle va tellement vite… Sur la ligne d’arrivée, presque tous étaient impressionnés de la voir arriver si vite, même si nous sommes désormais coutumiers du fait. Assaillie par les journalistes, la Franc-Montagnarde a l’air d’apprécier cette célébrité de courte durée. «Ce n’est pas souvent!», dit-elle.
Princesse de la Valbirsienne
A l’instar de Marianne Froidevaux, certaines coureuses sont entraînées, voire font partie d’un club. D’autres participent à brûle-pourpoint, pour le plaisir, pour accompagner une copine ou simplement pour se défouler. Et c’est une des qualités de la course. Ce n’est pas juste le rendez-vous des championnes du monde, c’est une course populaire. Course: on vient suivre un tracé précis et on essaie de se dépasser ou même de dépasser les autres coureuses. Populaire: c’est pour tout le monde, on passe un bon temps, on s’amuse. Et bien sûr, l’ambiance est au beau fixe, la saucisse et la bière glissent sur les babines. Pour couronner (ou casquetter) le tout, les cinq premières reçoivent une belle casquette verte et un dossard pour le Trophée de la Tour de Moron (septembre 2019). En outre, chaque participante reçoit une rose en souvenir. Souvenir des 6.5 kilomètres entre Malleray, Pontenet et Loveresse, souvenir des gouttes de sueur qui étreignent joues et arcades et peut-être encouragement à participer à l’édition 2020. Une cinquième pour Marianne Froidevaux? Peut-être… Une chose est sûre, elle réfléchit aussi à d’autres courses, à pied ou à vélo, ouvrant éventuellement la porte à de futures reines, pour l’instant princesses de la Valbirsienne.
Cette course s’est déroulée dans un contexte suisse de grève des femmes. Coïncidence? En tout cas, lors de la Valbirsienne, les femmes et le rose étaient à l’honneur, comme le rugbyman. Beaucoup d’émulations dans les rangs, des beaux sourires, des rencontres, de la santé et des «santé!», la joie et la bonne humeur. Que veut-on de plus?
Organisée par le GSMB (Groupe Sportif de Malleray-Bévilard) et plus précisément par un comité 100% féminin, la Valbirsienne et son rose ne déteignent pas. Selon la présidente, Murielle Chevrolet, le bilan est ultra positif! Pas loin de 200 participantes, jeunes et moins jeunes, un engouement pour la course à pied et surtout, une bonne occasion de passer du temps ensemble. On remet le couvert l’année prochaine, même kilométrage, même tracé. Mais pour la 5e édition, la Valbirsienne fêtera ses noces de bois en ajoutant le Nordic Walking au programme. Est-ce que, au nom de la Rose, vous serez de la partie?
John Utermann