Politique, Portraits

« On limite nos dépenses au maximum »

Edition N° 9 – 6 mars 2024

Patrick Chapuis : « On se retrouve dans une configuration où rien n’est simple. » (photo oo)

L’ultimatum fixé par le canton du Jura à la ville de Delémont est clair : retrouver un équilibre financier jusqu’à la fin de la législature, soit en 2027, pour éviter une mise sous tutelle de la commune. Une situation compliquée qui passe forcément par des mesures d’économie drastiques, donc impopulaires. « On se retrouve dans une configuration où rien n’est simple », explique le vice-maire Patrick Chapuis, conseiller communal en charge du Département de la cohésion sociale, de la jeunesse et du logement (CSJL). « Pour chaque projet, on se pose la même question : comment allons-nous pouvoir le financer ? Le fait de devoir économiser pour tout et tout le temps n’est évidemment pas la manière la plus sereine de travailler, mais l’ambiance reste malgré tout correcte au sein de l’Exécutif. » Si Delémont a mal à son porte-monnaie, c’est d’abord parce que les charges de fonctionnement ont considérablement augmenté ces dernières années, mais également parce que certains choix opérés par les autorités communales n’ont pas pris la direction espérée. On pense notamment à la décision d’augmenter le personnel communal il y a cinq ans pour faire face aux prévisions démographiques à l’horizon 2030 qui indiquaient, selon les statistiques de la Confédération, une hausse importante de la population. Cet essor démographique ne s’est pas réalisé à ce jour rendant ainsi l’assiette fiscale moins copieuse que prévue. Résultat des courses : certains dossiers comme ceux de la politique des seniors ou de la jeunesse, par exemple, sont freinés par le manque de possibilités financières. 

Le dialogue conduit à l’apaisement 

Parmi les principaux projets figurant actuellement dans le pipeline de l’Exécutif delémontain, on citera le futur quartier durable aux Arquebusiers, le réaménagement de la Place Roland-Béguelin et le dossier Gare Sud. Patrick Chapuis souligne qu’il existe un grand décalage entre les autorités et la population qui n’a pas forcément conscience que la marge de manœuvre de l’Exécutif est restreinte, la ville devant se plier à certaines directives imposées par la confédération et le canton. « Le fait d’être exposé à la critique m’a donné une carapace, mais je n’ai pas encore été la cible de remarques trop désobligeantes jusqu’à maintenant. Si quelqu’un m’interpelle dans la rue, je lui explique simplement les raisons qui nous ont conduits à prendre la décision contestée et la situation s’apaise. Vous savez, je ne siège pas au Conseil communal pour me mettre en mode rouleau compresseur et tout renverser sur mon passage pour gagner en notoriété. Par ma contribution à la chose publique, j’essaie simplement de servir au mieux les intérêts des citoyens avec les outils aiguisés durant ma vie professionnelle. » Ne pouvant visiblement pas concilier valablement son métier de banquier spécialisé dans le gestion de crédits pour les particuliers avec son statut de conseiller communal, Patrick Chapuis a pris une retraite anticipée en juillet 2023.   

Un pavé dans la mare

Fixée au 1er janvier 2026, l’arrivée officielle de Moutier dans le canton du Jura offre des perspectives de synergies intéressantes pour la ville de Delémont. Les deux exécutifs organisent des rencontres annuelles alternativement dans chaque localité depuis plusieurs années : « Nous avons déjà réalisé des choses concrètes avec l’instauration d’une collaboration avec les services industriels », relève Patrick Chapuis. « Le courant passe bien, ce qui nous permet d’échanger dans un climat serein et constructif. Je regrette que cet esprit d’ouverture ne se retrouve pas forcément dans l’ensemble du canton du Jura, l’esprit de clocher étant encore bien marqué dans certaines communes. Chacun veut essayer de se préserver, mais au final les résultats sont moins bons. Je profite de vos colonnes pour lancer un pavé dans la mare en me déclarant favorable à des fusions de communes d’une toute autre ampleur que celles réalisées jusqu’ici. Pourquoi pas une commune par district, par exemple. On gagnerait en professionnalisme et en efficacité. Et cela éviterait de remuer ciel et terre au moment de chercher des candidates et des candidats pour les élections communales. » A méditer… 

Olivier Odiet

Qui fait quoi ?

Damien Chappuis :
mairie, promotion économique 

Patrick Chapuis :
cohésion sociale, jeunesse, logement

Murielle Macchi-Berdat :
énergie, eaux

Claude Schlüchter :
culture, sports, écoles

Emmanuel Koller :
urbanisme, environnement, travaux publics  

 

 

Patrick Chapuis : « On se retrouve dans une configuration où rien n’est simple. » (photo oo)