Depuis quelques années, Jean-Luc Brahier de Souboz, membre fondateur et premier président de la Libellule, Association régionale pour la protection de la nature, désirait remettre la présidence qu’il a assumée dès la création de la Société. Depuis la semaine dernière, c’est chose faite. Le passage de témoin a été accepté en assemblée. Léon Bickel, jeune homme de 26 ans domicilié à Souboz en a repris les rênes.
Rien ne prédestinait Jean-Luc Brahier à s’intéresser particulièrement à la protection de la nature. C’est quand il a dû répondre à la curiosité de son fils de 7 ans lui demandant de quelle espèce était l’oiseau qu’il venait de récupérer qu’une première recherche suivie de bien d’autres l’a amené à découvrir la nature environnante. Si son fils est devenu biologiste par la suite, Jean-Luc s’est formé en autodidacte au point de devenir entre autres un ornithologue amateur compétent. Au point qu’il a fait partie des 2000 bénévoles ayant participé à la récolte de données pour l’élaboration des atlas des oiseaux nicheurs de Suisse de 1993-1996 et de 2013-2016. Si l’ornithologie est devenue une passion, son intérêt pour la nature en général et sa préservation en particulier l’ont conduit à prendre la présidence de La Libellule dès sa création.
Un peu d’histoire
Tout a commencé en 1990 suite à la découverte d’une hécatombe de batraciens à la Sablière située entre Souboz et Les Ecorcheresses. « La Sablo », pour les gens du lieu, exploitée jusque dans les années 1960 pour la verrerie de Moutier, venait de subir une pollution inattendue qui fit l’objet d’un article dans un quotidien régional. Place de détente et de jeux pour les enfants, patinoire en hiver, elle était devenue terrain d’entraînement pour certains motards, « garage » et « station de lavage » pour quelques automobilistes. Devant ces atteintes à la nature, quelques citoyens de Souboz et ses environs ont fondé une association en vue de sauvegarder cette ancienne sablière.
Le 5 juin 1991, La Libellule était créée. Deux ans plus tard, la première et unique réserve naturelle de l’ancienne commune de Souboz était inaugurée. Aujourd’hui, elle reste la seule réserve naturelle communale de Petit-Val.
Impact modeste, mais bien réel
En 30 ans d’existence, la société a pris sa place dans le paysage associatif du Petit-Val. D’abord communale, elle est devenue régionale en étendant son champ d’activité sur l’ensemble du Petit-Val et Bellelay où elle participe activement à la protection de la migration des batraciens. Sur l’impulsion de Jean-Luc Brahier et de quelques membres, La Libellule a marqué de son empreinte le paysage en créant plusieurs mares au profit des larves de crapauds accoucheurs et des salamandres ou en favorisant l’acquisition d’arbres fruitiers à hautes tiges. Une action menée en collaboration avec la société d’Arboriculture dans le but de revitaliser les vergers, offrant par là un habitat appréciable aux oiseaux et aux insectes.
Avec la création d’un chemin des nichoirs et des gîtes, elle participe également à faire connaître la région et à sensibiliser les promeneurs à la préservation de la nature. Un parcours de découvertes bordé de panneaux d’information au départ et à l’arrivée de Souboz. Une belle balade à faire ce printemps par exemple. La pose de nombreux nichoirs a été bénéfique pour de nombreuses espèces. Les martinets et les hirondelles de fenêtre en sont les principaux bénéficiaires.
Des déceptions
Si la plupart des actions ont porté leurs fruits, toutes n’ont pas été couronnées de succès. C’est le cas du HLM à hirondelles installé à Sornetan qui n’a pas répondu aux attentes. Les lourdes démarches administratives et les coûts importants qu’elles engendrent pour une petite société n’ont pas permis son déplacement à ce jour.
A l’heure du bilan, Jean-Luc Brahier observe un appauvrissement constant de la biodiversité dans le Petit-Val, perçu par beaucoup comme une région préservée. Un constat partagé par les membres de La Libellule tant au niveau de la flore que de la faune. A titre d’exemple, la population des hirondelles rustiques, qui peinent à trouver un gîte, est en très forte diminution et les deux tiers des pies grièches observées il y a deux décennies ont disparu. Le traquet tarier et l’alouette se sont volatilisés.
Des défis à relever
A l’heure du passage de témoin, Léon Bickel est disposé à reprendre le flambeau et à relever de nouveaux défis. Au bénéfice d’un bachelor en biologie décerné par l’Université de Neuchâtel et d’un master en agriculture et développement obtenu en Angleterre, il se sent parfaitement outillé et motivé pour s’atteler à la tâche.
Il entend maintenir ce qui a été réalisé et rendre plus visible l’importance du travail de protection de La Libellule, une société qui pourrait apporter conseils et références dans des actions de sensibilisation auprès de la population en encourageant les petits gestes à portée de chacun avec une attention toute particulière à la jeunesse, lui qui, enfant de Souboz, a été très tôt sensibilisé à la nature en côtoyant Jean-Luc Brahier mis à contribution lors de sorties de classe ou en ballade avec La Libellule.
Patrice Neuenschwander