Actualités

Pro climat, mais anti-loi !

Edition N°20 – 27 mai 2021

Manfred Bühler fier d’accueillir le public peu avant son exposé-débat. (photos Roland J. Keller)

Sans langue de bois, avec conviction et concision, Manfred Bühler s’est longuement exprimé à Corgémont sur le sujet très technique de l’énergie et du climat. Un exposé-débat qui avait pour but de recommander le « Non » de l’UDC lors de la votation du 13 juin prochain à propos de la Loi sur le CO2.

« Depuis 1860 jusqu’à nos jours, on a tout fait sauf économiser l’énergie. » Ce constat émane de Manfred Bühler qui a donné, le 20 mai dernier à la Salle de spectacles de Corgémont, une conférence en marge de la votation du 13 juin prochain concernant la loi sur le CO2. Intitulé « Énergie –Climat, pourquoi la loi sur le CO2 est utile et nuisible », cet exposé débat s’est tenu dans les règles des recommandations sanitaires du moment.

Utile, car pour le maire de Cortébert, les énergies renouvelables (biomasse, géothermie, éolien, énergie solaire et autres) jouent tout à fait leur rôle à notre époque, encore faut-il replacer ces nouvelles ressources dans leur contexte. Dès lors, il a d’emblée rendu compte de la situation écologique d’antan et de nos jours, du fossile au renouvelable, avec de nombreux graphiques et des données officielles, notamment celles de l’ingénieur français Jean-Marc Jancovici. Selon ce spécialiste, « le modèle des sociétés occidentales est voué à la décroissance, car leur système économique dépendant d’énergies provenant des combustibles fossiles n’est pas pérenne. »

Manfred Bühler, aussi un scientifique

Issu d’une famille de paysans, juriste et ex-membre du Grand Conseil bernois, Manfred Bühler dispose aussi d’un bagage technique. « Je suis en effet titulaire d’une maturité scientifique que j’ai obtenue à Bienne (physique, chimie). De nature éclectique, j’ai estimé que cette formation complémentaire me permettrait d’avoir davantage d’options professionnelles », a-t-il confié au terme des débats. Une conférence qui n’a d’ailleurs pas manqué d’intérêt avec un orateur au fait de son sujet, bien loin des langues de bois que l’on attribue aux politiciens. 

Manfred Bühler a parlé du climat, qu’il dissocie de la météo, de puissance énergétique, d’économie et de produit intérieur brut (PIB). Tout ça mit dans une grande « marmite atmosphérique » qui bout depuis des lustres, générant son CO2 utile pour la photosynthèse (processus bio, eau, carbone) mais redouté par son accroissement et sa durabilité.

Depuis des millions d’années, le CO2 baisse

Selon un graphique présenté à Corgémont, on y apprend que, au cours des 600 derniers millions d’années, la teneur en CO2 dans l’atmosphère a drastiquement baissé. Alors, de quoi se plaint-on de nos jours ? « Dans ces temps si lointains, il n’y avait pas de problèmes si quelques dinosaures mouraient du carbone. Dans notre société dense et nombreuse, on dépend beaucoup de l’énergie au quotidien. On est devenu beaucoup plus sensible à de petites variations du climat. » 

A ce propos, les Accords de Paris sur le climat de 2015, qui engagent les Etats à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, offusque l’UDC. « C’est une farce, une vaste blague. Chaque pays arrive avec ses propres intérêts, mais il n’y a aucun consensus sur une vraie rupture de pente de la courbe du CO2 », estime le conférencier. Lequel a encore relevé qu’aucun accord climatique du genre depuis des décennies n’a réussi à infléchir le CO2. « Alors, à quoi de tels accords si mal ficelés servent-ils ? » a-t-il déploré.

Entre loi et taxes

Finalement, en quoi la loi sur le CO2 est-elle nuisible ? « Ce n’est pas en acceptant une taxe de cette nature qu’on va améliorer la situation », argumente Manfred Bühler. « Et les arguments des opposants à l’initiative sont nombreux : augmentation de l’essence de 12 centimes, 120 francs de plus sur les billets d’avion, doublement du prix du mazout et du gaz, etc. ». 

A ce propos, un intervenant s’est inquiété de la disparition progressive de l’essence fossile dans le secteur des transports : « Comme l’Etat s’octroie 80 centimes de taxes sur un litre d’essence, où notre chère Helvétie va-t-elle puiser dans notre porte-monnaie pour compenser ces pertes ? » 

Une question qui n’a pas manqué de piment lors d’un débat plus court où Manfred Bühler a prêché à des convaincus : « Les émissions de CO2  en Suisse ne baisseront pas grâce à la loi, mais uniquement grâce aux efforts des particuliers et des entreprises, s’ils y trouvent un intérêt. Alors, votez « Non » ! » a-t-il conclu, sans ambages.

Roland J. Keller

 

Manfred Bühler fier d’accueillir le public peu avant son exposé-débat. (photos Roland J. Keller)