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Quand la magie opère à Nebia…

Edition N° 4 – 31 janvier 2024

On reconnaît à l’acrobate Marc Oosterhoff des airs de ces grands acteurs du cinéma muet qu’étaient Charlie Chaplin et son ami Buster Keaton. (photo © Yuri Tavares)

Ce spectacle émerveille petits et grands dans une pièce tout public et sans parole qui fait un clin d’œil à de grands films du cinéma muet. Jonglant entre les arts du théâtre, de la danse, du cirque contemporain ou encore de la magie, ce seul-en-scène de l’artiste récemment primé du June Johnson Newcomer Prize de l’Office fédéral de la culture illustre un personnage qui se joue des conventions du théâtre et de celles de la physique avec beaucoup d’humour et une fantaisie débordante. 

Un miracle comme issue

Si le seul-en-scène de Marc Oosterhoff « Préparation pour un miracle » est considéré comme un inclassable qui ne peut être enfermé dans une seule boîte – en cela il se situe à la frontière des arts du cirque, de ceux du théâtre, de la danse ou encore de la magie – le comédien, lui, s’y enferme bien, dans une boîte. Ou plutôt, dans un théâtre. Ce théâtre à la scène pratiquement nue sur laquelle il débarque, seul, comme par le plus grand des hasards. Visiblement gêné d’être là, au milieu de cette grande scène et sous le regard des spectateurs, il tente de s’en échapper. Mais c’est sans compter sur les issues, bloquées. S’entame alors sa maladroite quête pour sortir de ce cube qui se transforme en un labyrinthe enchanté. Car si le théâtre est bel et bien vide, cela ne l’empêche pas de jouer des tours à Marc Oosterhoff, qui n’est, dès lors, plus vraiment seul. De la scénographie, il fait ici un personnage à part entière. 

On reconnaît d’ailleurs à l’acrobate et à sa « Préparation pour un miracle » – création sans parole et baignée d’émissions radiophoniques d’antan – des airs de ces grands acteurs du cinéma muet qu’étaient Charlie Chaplin et son ami Buster Keaton. 

Une quête de l’ordinaire 

Crocs aux pieds, chemise un peu trop grande, il rate ses entreprises, hésite, avant de recommencer, sans certitude. S’il tente d’avancer, il n’a pas la prétention de s’avancer, d’exhiber ses capacités ou son identité. Le personnage créé par Marc Oosterhoff, plus antihéros que Superman, questionne modestement cette injonction sociale et contemporaine du devoir d’être unique, authentique et singulier. Est-il encore possible aujourd’hui de ne pas aspirer à être différent, de se satisfaire d’une quelconque singularité ? se questionne le metteur en scène et comédien. C’est en mettant joyeusement le « moi » en déroute qu’il trouve son chemin, créant dans le « rien » un univers de tous les possibles. Ce ne sont plus des chariots à roulettes, mais des skateboards. Voyez des échasses à la place des échelles, les pendrillons comme des tissus dans lesquels on se balance, les perches comme des escaliers sur lesquels on grimpe. Dès lors, les objets du commun deviennent miraculeux et dans cet être d’apparence ordinaire se perçoit l’extraordinaire. 

(cp-oo) 

On reconnaît à l’acrobate Marc Oosterhoff des airs de ces grands acteurs du cinéma muet qu’étaient Charlie Chaplin et son ami Buster Keaton. (photo © Yuri Tavares)