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Secteur secondaire : stabilité de mise

Edition N°16 – 26 avril 2023

Selon Patrick Linder, la situation actuelle de l’industrie demande en permanence un suivi méticuleux du marché, voire de ses circuits parallèles. (photo rke-a)

L’industrie de la région Grand Chasseral (Jura bernois) confirme les prévisions de stabilité générale pour la fin du premier semestre 2023 selon le baromètre industriel de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP). Entraîné par l’horlogerie, le système de production interentreprises de la précision localisé dans cette région anticipe une légère progression du volume d’affaires et affiche des robustes ambitions en matière d’investissement.  

D’un point de vue général, les entreprises industrielles du Grand Chasseral (Jura bernois) prévoient une augmentation des entrées de commandes pour le deuxième trimestre 2023 selon le baromètre industriel de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP). Cet instrument prospectif de compréhension du secteur secondaire met en lumière les anticipations des entreprises de la région la plus dense de Suisse en termes d’emplois dans l’industrie. Basé sur les appréciations des entreprises, il met en exergue de manière indicative les grandes tendances d’un secteur complémentaire et intégré. « Le volume d’affaires de l’industrie microtechnique connaît de petites fluctuations cependant fixées depuis près de trois ans à un haut niveau. La progression des entrées de commandes anticipées pour les prochains mois doit ainsi être comprise en regard d’une d’activité déjà intense et mobilisant l’essentiel des capacités de production », rappelle Patrick Linder. Les délais généraux demeurent ainsi relativement longs en raison principalement de l’abondante et constante sollicitation du système de production. Les difficultés pour trouver du personnel et des compétences accentuent cet aspect.

Les résultats opérationnels semblent également appelés à progresser dans les prochains mois. Les entreprises anticipent en effet une modeste amélioration des résultats financiers des activités qui seront déployés prochainement. Pour la CEP, cette légère embellie ne doit pas occulter la pression exercée chroniquement sur les marges des entreprises par différentes sources qui se conjuguent comme la force du franc et son cortège de conséquences, la dynamique générale d’inflation ou la forte augmentation des coûts de l’énergie.

Effets positifs récoltés par l’ensemble des acteurs 

En matière d’investissement, le baromètre industriel de la CEP fait état d’importantes prévisions d’engagement dans l’ensemble du tissu industriel, indépendamment de la taille ou de la spécialisation. « Cette dimension traduit à elle seule l’état de forme de l’industrie microtechnique composée d’entreprises complémentaires et interdépendantes. Par le biais de ce mécanisme, les effets positifs se propagent à l’ensemble des acteurs, notamment ceux qui offrent des technologies de production, souvent comprises comme des biens d’investissement nécessitant une vision de moyen terme. Il convient de rappeler que l’horlogerie reste le domaine d’application principal de ces capacités de productions et que les besoins qu’elle émet en déterminent largement l’évolution, même si d’autres domaines comme le médical, dentaire, automobile ou aéronautique jouent un rôle important », synthétise Patrick Linder 

Un contexte complexe

Enfin, les entreprises s’attendent pour la plupart à conserver voire à développer leur niveau d’organisation aux cours des douze prochains mois, malgré une jauge d’incertitude et de complexité globale qui reste particulièrement élevée. Pour assurer un pareil fonctionnement, les entreprises sont toutefois tributaires d’un marché de l’emploi aride dans certains champs de compétences nécessaires à l’industrie. Le manque de personnel, à tous les niveaux de formation et dans la plupart des métiers techniques, confirme son statut d’entrave majeure. Pour autant, la complexité du contexte global persiste et influe également sur les entreprises : guerre en Ukraine, tensions internationales, relations avec l’Union européenne, inflation, force du franc, coûts de l’énergie, difficultés d’approvisionnement sont les composantes d’une condition de fonctionnement compliquée pour l’industrie. 

Réduction partielle des difficultés d’approvisionnement 

A l’instar de l’industrie mondiale, les acteurs suisses du secteur secondaire éprouvent des difficultés d’approvisionnement depuis le déploiement de la pandémie de COVID-19 et les différents confinements liés. Les chaînes de valeur globalisées ont ainsi montré une certaine vulnérabilité face à des événements mondiaux non maîtrisables. Le baromètre industriel de la Chambre d’économie publique du Jura bernois (CEP) s’est évertué à détailler l’évolution de la situation au cours du premier semestre 2023.

Si l’accès aux matières (principalement les différents alliages métalliques utilisés dans l’industrie) paraît normalisé, les composants mécaniques connaissent encore des perturbations, mais c’est le cas des composants électroniques qui reste le plus critique. En sus de la problématique des coûts directs, non reportables sur le prix de vente (aboutissant donc à une baisse des marges), cette situation chronique engendre différentes complications. Elle demande en permanence un suivi méticuleux du marché voire de ses circuits parallèles, et le développement de produits avec plusieurs variantes de composants électroniques (explosion des coûts d’engineering et allongement des phases de développement). Elle induit en outre une perte de maîtrise des délais de production/livraison des produits. « Ces perturbations des chaînes d’approvisionnement affectent ainsi la production de certains biens à haute valeur ajoutée, détériorent l’efficience de l’industrie régionale et mettent en question dans certains cas sa rentabilité. Cumulées aux nombreuses complications mondiales, diplomatiques et événementielles actuelles, elles altèrent incontestablement une phase d’intense activité pour l’industrie suisse », résume Patrick Linder.

(cp) 

Selon Patrick Linder, la situation actuelle de l’industrie demande en permanence un suivi méticuleux du marché, voire de ses circuits parallèles. (photo rke-a)