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Servir une cause qui n’a pas de prix !

Edition N°10- 16 mars 2022

Si de nombreuses associations viennent en aide aux victimes de la guerre en Ukraine, des privés qui ne supportent pas de rester sur leur canapé les bras croisés apportent également leur pierre à l’édifice. C’est le cas de Cyril Beutler (Sorvilier) et Raphaël Gyger (Tavannes) qui sont sortis de leur zone de confort pour affronter les horreurs de la guerre en se rendant en Ukraine par leurs propres moyens ces deux derniers week-ends. Et leur émouvante opération n’est pas terminée…

« Mercredi 2 mars, j’ai regardé ma copine Jessica dans les yeux et je lui ai dit, vendredi, je pars en Ukraine », explique Cyril Beutler. Il a ensuite parlé de sa démarche à un ami, en l’occurrence Raphaël Gyger, qui était lui aussi titillé par cette même idée sans aucune concertation préalable. Après avoir chargé un grand véhicule 4X4 de vêtements, sacs de couchage, médicaments et nourriture, Cyril et Raphaël sont partis d’une traite jusqu’au poste frontière de Medika, en Pologne. Leur voyage s’est prolongé jusqu’à la ville refuge de Lviv. « Si je n’étais pas père d’un garçon de 3 ans, nous serions même allés jusqu’à Kiev, mais le risque est trop important pour franchir le pas », explique-t-il.

Le sang glacé…

Grâce à des contacts établis via Facebook avec une Suissesse-Ukrainienne, domiciliée à Bienne, le voyage retour aurait dû se faire avec sa sœur, mais la voiture qui devait la conduire jusqu’à eux à proximité de la douane a finalement fait demi-tour en raison d’un bouchon de 12 kilomètres. « Nous l’avons attendue durant sept heures avant d’apprendre la triste nouvelle. Cela nous a brisé le cœur », relève-t-il. Après avoir déposé médicaments, nourriture et, douze kilomètres plus loin, des vêtements, Cyril et Raphaël se sont juste accordé une pause de deux heures pour dormir dans la voiture lors du retour. Ils sont arrivés à la maison sans pouvoir se débarrasser d’images traumatisantes : « Le plus choquant, ce ne sont pas les bruits de sirènes ni les détonations provenant des tirs d’hélicoptères, on s’y habitue vite, mais bel et bien la détresse des femmes et des enfants qui doivent se passer une seule veste durant quelques secondes pour se préserver du froid. C’est un scénario vraiment très dur à encaisser. J’ai même vu un enfant de l’âge de mon fils qui lui ressemblait beaucoup. Ça me glace encore le sang maintenant. »

Un projet fédérateur   

Rencontré à Sorvilier, jeudi dernier, pour recueillir son témoignage, Cyril est reparti en Ukraine du vendredi 11 au dimanche 12 mars, toujours accompagné par Raphaël. Leur chargement était encore plus conséquent puisque le véhicule 4X4 du premier voyage a pu être remplacé par un bus généreusement prêté par le garage de la Trame à Reconvilier. « Je suis profondément touché par l’élan de solidarité qui s’est formé autour de notre projet dans l’Arc jurassien. Plus de trente personnes nous ont contactés pour nous apporter vêtements, aliments, aide financière par Twint, etc. » Cyril et Raphaël ont d’ores et déjà prévu un troisième départ pour l’Ukraine le vendredi 25 mars. « Si cette guerre se passait chez nous, j’apprécierais aussi de voir des gens d’autres pays me porter secours. Je suis hyper heureux de pouvoir me rendre utile dans cette guerre et c’est évidemment un sentiment partagé par mon ami Raph. »

Les personnes qui souhaitent apporter une aide sous la forme de leur choix peuvent contacter Cyril Beutler au numéro 076 462 70 76.

Olivier Odiet