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Souvenirs ressassés avec émotion

Edition N°5 - 9 février 2022

Sous ses allures d’homme droit et sûr, Germain Heiniger dissimule une certaine sensibilité. (photo oo)

Né à Moutier, Germain Heiniger dissimule une certaine sensibilité sous ses allures d’homme droit et sûr. Appelé à ressasser ses souvenirs, ce gymnaste accompli parle de l’époque glorieuse de la Prévôté avec passion et émotion. Le fait de revenir sur les bals dansants, les meetings d’aviation à la Montagne de Moutier, la présence des cosaques du Don Sur-Chaux et le motocross de la Comballerie n’a pas manqué de lui remuer le ventre. Ni de ravir son esprit…            

A l’exception d’une infidélité anodine avec Courrendlin, Germain Heiniger n’a jamais lâché la ville de sa naissance : Moutier. Nous l’avons retrouvé à son domicile de la Rue du Crêt pour passer en revue l’histoire d’une cité ouvrière exceptionnelle, en référence aux fabricants de machines-outils (Tornos, Bechler, Pétermann), qui a également connu des moments forts au niveau sportif avec la promotion du FC Moutier en LNA, en 1966. Apprenti décolleteur à l’usine Kohler, Germain Heiniger a passablement roulé sa bosse en travaillant dans différentes entreprises de la région, dont l’atelier mécanique de son père et la Tornos. Le sport a pris une place importante dans sa vie, en particulier le canoë, l’athlétisme et la gymnastique. Il occupe toujours la fonction de chef de groupe au sein des gymnastes vétérans du Jura bernois et du Jura.

Des instants privilégiés qui remontent à la surface

Lorsqu’il se penche sur ses souvenirs d’enfance, une certaine nostalgie s’empare de l’ami Germain, qui savourait à leur juste valeur les nombreux événements organisés à Moutier qui ont marqué sa jeunesse. On pense bien sûr à la Braderie prévôtoise, une fête que son père appréciait tout particulièrement, mais également au motocross de la Comballerie – qui attirait plusieurs milliers de personnes -, aux meetings d’aviation de la Montagne de Moutier, qui accueillaient même des DC-3, ainsi qu’aux représentations spectaculaires des cosaques du Don, Sur-Chaux. Les bals dansants à l’Hôtel Suisse, au Moulin, aux Gorges et à la Couronne avec des orchestres de renom comme Willy Benoit et Les Los Renaldos, par exemple, font remonter des instants privilégiés à la surface. Jamais avare en anecdotes, Germain Heiniger signale que le prix d’une bière en 1955 s’élevait à 35 centimes. Il souligne aussi que son salaire se montait à 35 centimes de l’heure lors de sa première année d’apprentissage. « Je suis resté quelques années au sein de l’entreprise Kohler pour un salaire de 1200 francs par mois, ce qui représentait beaucoup à l’époque », confie-t-il. « Il m’est aussi arrivé d’aller charger des machines le samedi matin. Tout surpris de me trouver là, le patron m’a filé 10 francs en douce. » Une marque de reconnaissance et de générosité qui ne coule plus forcément de source par les temps qui courent.

Entre fidélité et amitié

Parmi les valeurs qui tiennent à cœur de Germain Heiniger, on citera prioritairement la fidélité et l’amitié. Il se retrouve chaque vendredi soir à l’apéro avec ses ami-e-s depuis les années 1970. Ces joyeuses agapes ont conduit à une véritable valse des restaurants dont l’ordre chronologique se présente comme suit : Las Vegas, Chez René, Rôtisserie du Centre, Pub de la vieille Ville et l’Hôtel de la Gare, qui constitue aujourd’hui le fief de ce noyau (pur et…) dur. Au chapitre de ses souvenirs, on mentionnera encore l’époque où la ville de Moutier comptait pas moins que huit boucheries, soit Bourquard, Hagmann, Gerber, Gygax, Rieder, Nyffeler, Chevalier et une autre à la Rue Neuve qui a vu défiler de nombreux artisans bouchers. On ne peut pas évoquer la période dorée de la Prévôté en passant sous silence les différents travaux réalisés avec les chevaux, soit le ramassage des ordures et la livraison du lait, par exemple.

« Je tire mon chapeau à Francis Pellaton »

Entre le passé et le présent, la Question jurassienne a considérablement freiné le développement économique et sociétal de la ville, mais cela n’empêche toutefois pas Germain Heiniger d’entrevoir l’avenir positivement : « Il est aujourd’hui grand temps d’enterrer la hache de guerre ! » s’exclame-t-il. « Nous devons garder la tête sur les épaules, travailler ensemble pour trouver les solutions qui occasionnent le moins de frais possible et non pas toucher avec un esprit malveillant aux institutions de formation existantes, comme l’école secondaire et l’école professionnelle. Je regrette également la démission du camp antiséparatiste au Conseil de Ville et je tire mon chapeau à Francis Pellaton qui est resté par respect envers les électeurs qui lui ont témoigné leur confiance. Les clivages ne mènent à rien. Mettons-y un terme une bonne fois pour toutes. »

Olivier Odiet

 

De Racine à Poggia

Dans le passé, de nombreuses personnalités ont marqué Moutier de leur empreinte.

Notre sélection    

– Charles Racine, poète

– André Bechler, industriel

– Maurice Aufair, comédien

– Jean-Pierre Raaflaub, acteur

– Mauro Poggia, homme politique et avocat à Genève

– Nicolas Junker, industriel

– André Sangsue, artiste, peintre et dessinateur

– Jean-Claude Schindelholz, footballeur international

– Miroslav Blažević, footballeur, ancien sélectionneur de la Croatie

 

Sous ses allures d’homme droit et sûr, Germain Heiniger dissimule une certaine sensibilité. (photo oo)