Depuis octobre dernier, un frigo communautaire est à disposition des habitants de Moutier, à côté de l’Hôtel de Ville, pour lutter contre le gaspillage alimentaire. Le succès est au rendez-vous. Mais qui est Madame Frigo ?
Le projet Madame Frigo à Moutier a été lancé par Aude Jolidon dans le cadre d’InTerreAction. En automne 2019, à l’école secondaire, toute une série de projets en faveur du climat et de l’écologie ont été proposés lors d’une première assemblée participative de ce mouvement dont le but est de proposer des alternatives locales au système actuel. Le projet de frigo communautaire a été réalisé une année après, en octobre 2020.
Lutter contre le gaspillage alimentaire
« Je ne suis pas Madame Frigo », explique Aude Jolidon, « Madame Frigo, c’est une association basée à Berne qui a essaimé dans de nombreuses villes et dont le but est de lutter contre le gaspillage alimentaire. » En Suisse, en effet, chaque année 330 kilos de nourriture par habitant sont jetés à la poubelle. L’idée du frigo communautaire, c’est de permettre aux personnes ayant des denrées qui ne sont pas encore périmées et dont elles n’ont plus l’usage, de les mettre à disposition des autres. Et à Moutier, le succès est au rendez-vous : « Le frigo est souvent vide. Mais ce n’est pas parce que personne n’y met rien, c’est parce que la nourriture trouve très rapidement preneur ! » se réjouit Aude.
Des petits commerçants qui jouent le jeu
Qui sont les personnes qui donnent et les personnes qui se servent ? « Je n’en sais rien », avoue Aude. « Je sais que plusieurs petits commerces de la place y entreposent leurs invendus. Je crois aussi que les élèves se servent sur le chemin de l’école, en passant devant le frigo. » Et si le frigo joue un rôle social, permettant à des personnes à revenus modestes de se nourrir, c’est tant mieux, mais à la base, ce n’est pas le but principal : « Personne ne devrait hésiter à se servir sous prétexte qu’elle aurait les moyens de s’offrir la tresse ou le pot de confiture entreposés dans le frigo. L’important c’est d’éviter le gaspillage et que la nourriture ne finisse pas à la poubelle. »
Des contrôles stricts
Les règles d’hygiènes sont strictes et c’est Aude, sa sœur et deux autres membres d’InTerrreAction qui s’assurent plusieurs fois par semaine que le frigo est toujours propre et qu’aucun plat cuisiné n’y est entreposé, par mesure de sécurité. « Nous avons eu un contrôle d’hygiène récemment, le premier de tous les frigos communautaires de Suisse, et nous l’avons passé haut la main », confie Aude.
Une maman très écolo
Gérer un frigo communautaire, c’est donc beaucoup de travail et de responsabilités. Sans parler des multiples démarches administratives qui ont été nécessaires pour sa mise en place : plus d’une année d’attente et de paperasserie ! Il en faut du courage et de la ténacité. D’autant plus que Aude travaille à 80 % au bloc opératoire de l’hôpital et qu’elle est mère de deux jeunes enfants. Où trouve-t-elle la force et la motivation nécessaires ?
« Ma maman était une écolo avant l’heure. Elle nous a inculqué l’amour de la nature et l’aversion du gaspillage », confie-t-elle. L’engagement d’Aude et de sa sœur Marie est aussi un hommage au souvenir de leur mère.
Claudine Assad