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Système sanitaire défié par le Covid-19

Edition N°15 - 16 avril 2020

Anthony Picard : «Le confinement strict des populations à risque est une manière de gagner du temps pendant que la majorité du peuple s’auto-immunise.» (photo ldd)

Diffusé par la contamination d’animaux – chauve-souris / pangolin – à l’homme, le premier cas rapporté de COVID-19 est celui d’un résident de la province de Hubei âgé de 55 ans. Ce cas chinois de Wuhan, répertorié le 17 novembre 2019 déjà, est à la source de la prolifération du virus à l’échelle planétaire. Quelque cinq mois plus tard, ce virus, qui transite par les jeunes et les bien-portants pour tuer les plus fragiles et les plus âgés, aura paralysé l’entier de la Terre.

Pour nous autres, résidents d’un pays industrialisé qui compte parmi les plus riches de la planète, cette calamité montre que la misère, les maladies, les bouleversements économiques et les périls qui découlent d’une paralysie mondiale, n’arrivent pas qu’aux autres. Alors que le nuage toxique de Tchernobyl de 1986 s’était, paraît-il, arrêté aux frontières, le nouveau Coronavirus (de l’espagnol «couronne») est un modèle de diffusion planétaire dont la mondialisation et les transports associés de personnes en sont le principal vecteur.

Le nouveau Coronavirus fait partie de la même famille de virus que six autres coronavirus connus de l’homme depuis des décennies. Quatre coronavirus humains ont la particularité de toujours provoquer des rhumes et des refroidissements assez légers, surtout durant le semestre d’hiver. Le SRAS et le MERS sont des maladies respiratoires aiguës au taux de mortalité élevé, de 10% et 35% alors que la mortalité du COVID-19 est inférieure à 3%. Les coronavirus sont des virus ARN enveloppés par un film de graisse qui peuvent être combattus (rendus inoffensifs) avec du savon et de l’eau ou avec un produit désinfectant. 

Tout pour éviter l’engorgement de nos systèmes sanitaires

Les mesures prises par la Confédération, jugées trop timides et attentistes dans un premier temps, ont jeté le doute sur nos autorités jusqu’aux décisions fédérales des 13 et 16 mars 2020. Calquées sur les pays touchés avant nous, ces mesures contraignantes ont pour objectif de confiner partiellement la population afin de limiter au mieux la progression du virus en épargnant un maximum de vies. Les mesures barrière; le confinement n’ont qu’un but : retarder la progression du virus pour ne pas engorger nos systèmes sanitaires. En l’absence de vaccin, cette stratégie est la seule réponse valable à cette attaque virale. Autrement dit, puisque le virus peut s’avérer mortel chez les personnes fragiles ou disposant d’un arsenal moins robuste de contre-mesures organiques, le confinement strict des populations à risque est une manière de gagner du temps pendant que la majorité du peuple s’auto-immunise. Par effet de dominos, cette maîtrise dirigée de l’afflux de nouveaux cas a laissé du temps à notre système de santé pour adapter ses dispositifs au traitement de patients contaminés par le COVID-19 tout en relevant ses autres défis médicaux. 

Une task force à la hauteur

En qualité de centres somatiques de soins aigus, nos hôpitaux de Moutier et St-Imier ont la responsabilité d’être au cœur du dispositif sanitaire régional. Une task force, constituée pour l’occasion, se montre à la hauteur pour adapter les structures et pallier l’arrivée de cas infectieux. Parfois oubliées de la population, nos équipes de professionnels motivés démontrent par leur travail quotidien et les actions entreprises que nous assumons nos rôles de première barrière contre le virus et de dernier rempart contre la mort. Longue vie à tout le personnel sanitaire, longue vie au système de santé suisse et longue vie à vous et à vos proches, chers lecteurs ! 

Anthony Picard,
président des Conseils
d’administration des Hôpitaux
du Jura bernois et de Moutier SA

Anthony Picard : «Le confinement strict des populations à risque est une manière de gagner du temps pendant que la majorité du peuple s’auto-immunise.» (photo ldd)