Le festival Stand’été à Moutier démarre le samedi 22 juin avec la partie officielle (17h30) agrémentée par deux orchestres de jazz, à savoir le Quintette de cuivre Five+one de l’EMJB (école de musique du Jura bernois), formée de ses profs, et du Sax ensemble de l’EJCM (école jurassienne et conservatoire de musique), composé des élèves de la classe de saxophone. Comme à chaque édition, un des points forts du festival sera un opéra, en un seul acte cette fois, Cavalleria Rusticana, de Pietro Mascagni. C’est une histoire où s’affrontent les excès de la jalousie et l’exaltation du sentiment d’honneur. Il sera présenté le samedi 22 juin (20h30), le dimanche 23 juin (19h30) et le mardi 25 juin (20h30).
On considère généralement cet opéra comme le premier témoignage officiel du vérisme musical. Le livret s’inspire d’une nouvelle brève et intense du romancier sicilien Giovanni Verga, chef de file du mouvement littéraire italien appelé le vérisme. Elève de Ponchielli, le jeune Mascagni n’était qu’un obscur professeur de musique quand son opéra, représenté à Rome avec un immense succès, le rendit célèbre dans le monde entier. Verdi lui-même aurait dit après l’avoir entendu: «Je puis mourir tranquille». Cavalleria Rusticana, qu’on pourrait traduire par Chevalerie paysanne, se caractérise par la simplicité extrême de son intrigue où s’affrontent les excès de la jalousie et l’exaltation du sentiment de l’honneur. Mascagni a su restituer toute sa force à un fait divers sanglant. La musique simple et énergique suscite efficacement l’émotion.
Rendez-vous fatal
C’est le matin de Pâques dans un village sicilien. Une jeune fille triste et inquiète, Santuzza, est à la recherche de son amant Turiddu qui l’a trahie pour renouer avec Lola, son ancienne fiancée, qu’il a retrouvée mariée au riche Alfio à son retour de l’armée. Santuzza essaie vainement de reconquérir son amant. Folle de jalousie, elle dénonce Lola et Turiddu à Alfio, le mari trompé. Dès lors, le destin de Turiddu est scellé. Alfio le provoque en duel. Après avoir fait ses adieux à sa mère, Turiddu se rend au rendez-vous fatal.
Une beauté incontestable
L’idée est géniale. Contraint par le concours Sonzogno de composer un opéra en un seul acte, Mascagni eût l’idée de pallier l’absence d’entracte, bienvenue d’un point de vue dramatique, par un intermède orchestral. Si elle fut pour le compositeur l’occasion de donner libre cours à sa veine symphonique, ici basée sur deux thèmes, elle ne dément pas la générosité mélodique de la partition, au contraire, elle devint rapidement une pièce de concert prisée des chefs d’orchestre. Cette partie, d’une durée de cinq minutes environ et d’une beauté incontestable, servit surtout de modèle aux opéras immédiatement contemporains ainsi que le prouvent les intermèdes de Manon Lescaut de Puccini ou de Pagliacci de Leoncavallo et deviendra la «bande son» de la grande scène finale du Padrino de Francis Ford Coppola.
(cop)